Olivier Véran, le ministre de la Santé sortant, se serait bien vu reconduit à ce poste, à l'image de Bruno Le Maire à l'Économie, Gérald Darmanin à l'Intérieur ou d'Éric Dupont-Moretti à la Justice. D'autres noms, de médecins essentiellement, comme ceux de Stéphanie Rist, Thomas Mesnier ou encore Philippe Juvin circulaient depuis quelques jours. Mais histoire d'essayer de tourner la page de la crise Covid, à laquelle Olivier Véran est forcément associé, c'est finalement Brigitte Bourguignon qui accède au poste. Venue du PS mais ralliée à LREM, cette femme politique du Pas-de-Calais n'est pas médecin mais connaît bien les secteurs de la santé et du social. Et pour cause, elle était jusqu'à aujourd'hui ministre déléguée chargée de l'Autonomie dans le gouvernement Castex après avoir été notamment présidente de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. Olivier Véran devenant, lui, ministre délégué en charge des relations avec le Parlement et de la Vie démocratique.
Des dossiers brûlants en perspective
En tant que responsable jusqu'ici de l'Autonomie, c'est elle notamment qui avait annoncé, le 29 mars, en relation avec le scandale des Ehpad déclenché par les révélations du livre Les Fossoyeurs : « L'État demandera le remboursement des financements publics irrégulièrement employés en enclenchant pour la première fois une procédure de demande de remboursement de fonds publics. » Une femme à poigne et il en faudra pour affronter la montagne de dossiers brûlants qui l'attendent avenue Duquesne : celui des Ehpad et du grand âge donc, mais également celui de l'hôpital en grande difficulté, notamment en matière d'effectifs.
Élargir le rôle des pharmaciens
La ville aussi sera un grand défi pour la nouvelle ministre de la Santé et de la Prévention, avec notamment la question des déserts médicaux qui s'est imposée dans la campagne présidentielle et son lot d'arbitrages délicats à effectuer sur le rôle des médecins, leur liberté d'installation, les délégations de tâches et aussi, bien sûr, le rôle des non-médecins. Et sur cette question, les attentes des pharmaciens sont fortes, comme l'a expliqué Philippe Besset dans son Live hebdomadaire.
S'attaquer aux comptes sociaux
Enfin, bien sûr, la ministre aura fort à faire sur le front des comptes sociaux, avec la préparation du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 et un défi colossal à relever : initier le redressement d'une Sécu exsangue après deux ans de pandémie (24,6 milliards d'euros de déficit l'an passé) alors que les revendications du secteur, révélées notamment lors du Ségur de la Santé, n'ont jamais été aussi criantes et que l'inflation frise les 5 %. À noter enfin que c'est Damien Abad, ex-président du groupe Les Républicains à l'Assemblée, qui vient lui d'être nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.