C'est une mesure que beaucoup d'officinaux qualifieront d'inéluctable : un arrêté, paru au Journal officiel du 24 février, modifie les règles de prescription des médicaments renfermant de la prégabaline, le Lyrica étant leur chef de file. À partir du 24 mai 2021, ils suivront en partie la législation des stupéfiants. Ils devront ainsi être prescrits sur une ordonnance sécurisée et pour une durée de six mois maximum. La poursuite du traitement nécessitera une nouvelle prescription.
Un risque connu d'usage détourné
Cette évolution de la législation repose sur le risque bien identifié de « pharmacodépendance, d'abus et d'usage détourné » de la prégabaline. Alors qu'elle est indiquée dans la prise en charge des douleurs neuropathiques, de certaines formes d’épilepsie et du trouble anxieux généralisé, les dernières enquêtes du réseau des centres d’addictovigilance (CEIP-A) montrent une augmentation importante des cas d’addiction et d’abus de cette molécule. C'est en 2019 qu'elle a été identifiée pour la première fois comme « le » premier produit ayant entrainé une dépendance chez des usagers de drogues. Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), son usage détourné est essentiellement « à visée de défonce/euphorie dans un contexte de polyconsommation de substances psychoactives », en complément des visées anxiolytiques, antalgiques ou hypnotiques plus classiques. Dans plus de la moitié des cas observés par les enquêtes, la prégabaline est consommée en association avec une autre substance, majoritairement une benzodiazépine (65 %), en particulier le clonazépam. Le Lyrica et ses génériques sont obtenus couramment de façon illégale (via des ordonnances falsifiées, du nomadisme ou du deal/achat de rue).