La Fédération nationale des infirmiers (FNI) réattaque l'expérimentation de la vaccination antigrippale à l'officine : « n'attendez plus, il faut s'opposer à l'élargissement de la vaccination par les pharmaciens », lance-t-elle sur son site internet, dans une publication datée du 1er mai. Elle propose ainsi aux infirmiers un modèle de courrier à envoyer à leur député ou à leur sénateur, pour notamment solliciter un entretien. Plus étonnant, ce courrier débute ainsi : « j'apprends que notre Premier ministre a décidé de confier dès l'hiver prochain les vaccins anti-grippe à l'ensemble des pharmaciens du territoire sans attendre les résultats de l'expérimentation en cours ». Rappelons qu'il a seulement été acté que deux régions supplémentaires, non encore connues, pourront rejoindre l'expérimentation en question.
Enjeux d'avenir
Dans son appel au boycott, la FNI utilise par ailleurs un extrait d'un congrès organisé en septembre, la Convention on health analysis and management, et faisant intervenir Thomas Riquier sur le thème « Vers d’autres modes d’exercice ? ». Ce dernier suggère que les aides-soignants fassent du « nursing » (hygiène, surveillance de la température, de la tension artérielle, de l'état circulatoire, etc.) à la place des infirmiers et que les préparateurs puissent faire les piluliers au domicile des patients et soient rémunérés pour cela ou encore qu'ils s'occupent de surveiller l'observance. Ses propos sont ainsi repris dans une vidéo au montage angoissant et intitulée « A quoi pensent les pharmaciens ? ». Car la FNI souligne que Thomas Riquier est pharmacien, « était dans un syndicat de pharmaciens et travaille désormais au ministère de la Santé » : « au ministère, les pharmaciens s'occupent des infirmières libérales... », résume-t-elle. Si M. Riquier est bien pharmacien, c'est un pharmacien hospitalier, il a co-présidé la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et en biologie médicale et est aujourd'hui chargé de mission Qualité et sécurité de la prise en charge thérapeutique des patients à la direction générale de l'offre de soins (DGOS). Loin de l'officine, donc. Si force est de reconnaître, en effet, que la profession d'infirmier, en pleines négociations conventionnelles, doit aussi aborder de grands enjeux pour son avenir, les amalgames ici faits ne sont-ils pas inutiles quand il est question de santé publique ?