C'est un texte qui en aura fait du chemin. En gestation depuis 1996, sorties de terre en 2015 dans une version qui suscita de fortes craintes, écrites et réécrites, les bonnes pratiques de dispensation des médicaments dans les pharmacies d'officine – mutualistes et minières comprises – sont enfin fixées par l'intermédiaire d'un arrêté paru au Journal officiel du 1er décembre dernier. Ces nouvelles règles de l'exercice officinal, qui complètent le code de la santé publique, entreront en vigueur le 1er février 2017. Sans crainte cette fois : le texte a considérablement été allégé depuis sa première version. Il n'est ainsi plus question, par exemple, de rédiger une « opinion pharmaceutique » à chaque délivrance, d'enregistrer le conseil pharmaceutique et les erreurs de délivrance dans le logiciel d'aide à la dispensation (LAD) ou d'avoir à instaurer le lourd système d'assurance qualité initialement envisagé : évaluer le niveau de connaissances du personnel « lors d'une embauche ou d'un retour de congés de longue durée », rédiger des fiches de poste pour tout le personnel, aménager un accueil assis, équiper l'espace de confidentialité d'un poste informatique...
L'impératif a laissé la place à l'indicatif
In fine, ces bonnes pratiques, d'ailleurs opposables, ne font qu'asseoir un exercice officinal qualitatif. Quasi aucune obligation nouvelle n'y est indiquée ; il s'agit principalement de rappels et, dans certaines situations, de recommandations. Comme « la rédaction d'une intervention pharmaceutique » qui est « conseillée lorsque le pharmacien identifie un problème mettant en jeu l'efficacité ou la sécurité du traitement ». Par ailleurs, le pharmacien « peut, s'il le juge nécessaire, évaluer le choix d'une molécule » et discuter avec le prescripteur d'une nouvelle ordonnance. Il « peut » proposer un bilan de médication ou orienter le patient vers un programme d'éducation thérapeutique, formaliser « si nécessaire » un document comprenant certains conseils associés. Il « peut » aussi enregistrer dans le LAD sa décision de ne pas procéder à la substitution et « il est recommandé que le pharmacien propose un plan de posologie, en tant que nécessaire pour les patients polymédiqués ou âgés ».
En revanche, « il doit attirer l'attention du patient sur la possibilité d'effets indésirables dont l'ignorance pourrait conduire à une rupture d'observance ou un refus de traitement ou, au contraire, à une poursuite de traitement inadaptée et sur la possibilité d'interactions avec des médicaments d'automédication ». Lorsqu'il « délivre une spécialité dont le nom de marque ou de fantaisie ne reprend pas la dénomination commune, il inscrit le nom de la spécialité sur l'ordonnance » ; en cas de précision d'un nom de marque ou de fantaisie sur l'ordonnance, « il inscrit le nom de la spécialité » sur celle-ci s'il substitue. Autre sujet : « Les alertes sanitaires sont diffusées par le pharmacien au sein de l'équipe et sont traitées sans délai. Une procédure relative aux règles de traitement des retraits/rappels de lots des médicaments, de la réception du message à son traitement et à sa traçabilité est disponible à l'officine. » Enfin, de la démarche qualité reste l'analyse des erreurs de dispensation, au sein de l'équipe, « en vue d'éventuelles mesures préventives et correctives » qui « sont régulièrement réévaluées en vue d'une amélioration continue de la qualité et de la sécurité ». Autant de détails dont il vous faut, de toute façon, prendre connaissance et intégrer à votre pratique quand ce n'était pas déjà le cas.