Les manifestants étaient deux fois plus nombreux dans la rue jeudi 31 mars que lors de la précédente journée de mobilisation, organisée le 9 mars. Près de 390 000 personnes selon les autorités et 1,2 million selon les organisateurs ont ainsi investi les rues de 250 villes pour dénoncer le projet de loi Travail, à l'appel de sept syndicats de salariés et d'étudiants (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef et les syndicats lycéens FIDL et UNL). Il faut dire que le texte présenté en conseil des ministres le 24 mars n'a été ajusté qu'à la marge : le plafonnement des indemnités prud'homales est devenu seulement indicatif et un référendum d'entreprise à l'initiative des syndicats a été introduit, ainsi qu'une mention insistant sur le rôle du juge en cas de licenciement économique. Il est en effet désormais précisé que « ne peuvent constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement pour motif économique des difficultés économiques créées artificiellement à la seule fin de procéder à des suppressions d'emploi ». La possibilité pour les entreprises de moins de 50 salariés de signer par simple convention individuelle des forfaits jours avec leurs salariés a par ailleurs été supprimée.
Rebelote le 5 avril
Le texte a ensuite été défendu par Myriam El Khomri devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, première étape de son parcours parlementaire. Auditionnée le 29 mars, la ministre du Travail a dû répondre aux critiques des députés sur l'insuffisance de protection des salariés mais aussi des très petites entreprises, ainsi que sur l'absence de concertation entre l'exécutif et les partenaires sociaux. Ces derniers ont également été entendus par la commission le 30 mars, veille de la grande manifestation contre le projet de loi Travail. Ce qui devrait être la dernière grande réforme du quinquennat de François Hollande sera aussi probablement la plus décriée. Les sept syndicats contestataires ont en effet déjà appelé à « amplifier l'action » mardi 5 avril, date à laquelle s'ouvre l'examen du texte à l'Assemblée. De son côté, le patronat réclame un « retour à la première version ». Comment le gouvernement traversera-t-il ce vaste mouvement social ?