Dire que la période difficile que nous sommes en train de vivre exacerbe les tensions est un euphémisme dont se passeraient bien les officinaux. L'Ordre national des pharmaciens rapporte ainsi que 523 agressions lui ont été déclarées durant la période allant de janvier à fin novembre 2020, soit une hausse de 73 % par rapport aux chiffres recensés durant toute l'année 2019. Si officinaux, hospitaliers et biologistes médicaux sont concernés, les premiers sont à l'origine de 97 % des événements rapportés. Une situation que l'Ordre qualifie évidemment d' « inquiétante », tout en soulignant que ces chiffres « ne sont pourtant pas exhaustifs » et que « le climat d'insécurité sur le terrain est en effet plus marqué ».
Un confinement sous haute tension
Un tiers des agressions déclarées ont eu lieu de mars à mai, soit durant l'épisode du premier confinement. Si 56 % des événements correspondent à des injures et des menaces et 44 % à des vols, la part des premières se montaient à 70 % du total des déclarations durant le premier confinement. La pénurie initiale de masques et de gel hydroalcoolique (GHA) à destination de la population et le contexte sanitaire général durant lequel les pharmacies d'officine ont fait office de premier recours pour les patients ne sont évidemment pas étrangers à cette hausse de l'insécurité. Les incivilités liées à la Covid-19 représentent ainsi 10 % des agressions recensées depuis le début de l'année et se concentrent, elles-aussi, entre mars et mai. Trois mois particulièrement éprouvants pour les pharmaciens puisque la période a également vu le nombre de vols et de cambriolages augmenter significativement, avec une prédilection des malfaiteurs pour l'argent liquide, mais aussi pour les masques et les GHA.
Triste record pour la région parisienne
Avec 111 déclarations déposées, l'Île-de-France concentre à elle seule 22 % de tous les événements signalés par les pharmaciens et se hisse ainsi sur la première marche de ce podium régional peu envié et complété par les Hauts-de-France (16 %) et l'Occitanie (12 %). Dans le détail, Paris et l'Oise sont les départements les plus touchés avec respectivement 30,6 et 25,4 % des déclarations effectuées à l'échelon régional. L'Ordre attire également l'attention sur la situation sécuritaire préoccupante à Mayotte où, sur les 23 officines locales, 13 % ont déclaré au moins une agression.
Ne pas hésiter à déclarer
L'Ordre rappelle aux pharmaciens qu'il a consolidé son réseau départemental de conseilleurs ordinaux « référents sécurité » afin d'apporter toute l'aide nécessaire aux confrères confrontés à ces situations. Par ailleurs, l'institution continue de mener des actions auprès des autorités dès lors qu'il est constaté une hausse des agressions dans un périmètre restreint et enjoint tous « les pharmaciens qui seraient victimes d’agressions ou d’incivilités à les déclarer auprès de l’Ordre, afin de lui permettre d’avoir une connaissance au plus proche de la réalité, permettant ainsi d'identifier des leviers pour lutter contre ce fléau ».