« Impossible n'est ni pharmacien ni néoaquitain ». C'est par cette boutade que François Martial, président de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens Nouvelle-Aquitaine, illustre la motivation de la profession à « faire le nécessaire pour assurer la campagne de vaccination contre la grippe prévue à l'automne prochain. [...] Plus de 1 200 pharmaciens, sur les 2 000 que compte la région, ont manifesté le souhait de se former à vacciner. Nous avons des demandes tous les jours », affirme-t-il. Encore faudrait-il que la rémunération suive. Car si les syndicats – FSPF et Union syndicale des pharmaciens d'officine (Uspo) – ont demandé 10 euros l'acte, ils se sont vu opposer, dans les projets de textes qui leur ont été soumis, 4,50 euros par injection. Pour information, le tarif de l'acte infirmier dans le cadre d'une prescription médicale est justement de 4,50 euros et passe, en l'absence de prescription, à 6,30 euros la vaccination antigrippale. Mais « nous proposer 4,50 euros est inacceptable au vu des contraintes supplémentaires qui nous sont imposées », souligne Philippe Gaertner, président de la FSPF.
« Discrimination »
En effet, les projets de décret et d'arrêté fixent des « contraintes disproportionnées de prise en charge du patient », comme « la mise en observation de ce dernier quinze minutes après la vaccination ». « Pourquoi instaurer des règles différentes entre un cabinet médical et une pharmacie d'officine ?, dénonce Philippe Gaertner. Je conteste cette différence de traitement. Ce n'est pas l'injecteur qui peut éventuellement poser souci mais le vaccin, si souci il devait y avoir. » Le pharmacien serait également le seul professionnel de santé à devoir remonter, toujours dans le cadre de cette expérimentation, les informations relatives à l'injection sur une plate-forme et à devoir se doter d'une messagerie sécurisée de santé. « Pourquoi cette discrimination ? » Les textes prévoient par ailleurs que le pharmacien dispose d'un espace adapté, incluant notamment un fauteuil pour le patient et un point d'eau pour le lavage des mains, et qu'il s'engage à s'assurer de l'éligibilité du patient en lui faisant signer un formulaire de consentement préétabli. Enfin, est prévu un « dédommagement lié aux contraintes spécifiques » de cette expérimentation, à hauteur de 100 euros « à condition que le pharmacien effectue cinq vaccinations ». Insuffisant pour le syndicat : l'ensemble de « cette proposition est de nature à dissuader les pharmaciens d'officine de participer à cette expérimentation, avec le risque de manquer l'objectif d'amélioration de la couverture vaccinale », estime Philippe Gaertner. Autre crainte, pour François Martial comme pour l'agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine : « À 4,50 euros l'injection, le risque est que l'acte soit de mauvaise qualité. Mieux vaut ne pas le faire que mal le faire, sinon cela se retournera contre la profession. Si on veut de la qualité, il faut s'en donner les moyens. » La FSPF se déclare ainsi prête à « appeler au boycott de l'expérimentation » si les textes paraissaient en l'état. La vaccination restera-t-elle une parenthèse dans l'histoire des nouvelles missions à l'officine ?