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L'ANSM tempère les ardeurs des marketeurs

L'Agence du médicament (ANSM) a émis des recommandations pour tenter d'encadrer les marques ombrelles et mettre la pédale douce sur les médicaments aromatisés, entre autres.

La présentation des arômes pourrait être plus sévèrement réglementée.

 

Les ser­vices mar­ke­ting des la­bo­ra­toires d'au­to­mé­di­ca­tion qui ont des lan­ce­ments pré­vus dans les pro­chains mois vont avoir du pain sur la planche. En ef­fet, après l'« af­faire » Ef­fe­ral­gan ca­puc­cino/va­nille-fraise et la sor­tie du To­plexil Phyto, l'Agence du mé­di­ca­ment (ANSM) avait pro­mis des règles plus strictes sur les noms de fan­tai­sie, les marques om­brelles ainsi que sur la pré­sen­ta­tion des arômes. Sa di­rec­trice ju­ri­dique, Ca­role Le Saul­nier, en avait même fait un « che­val de ba­taille ». Après les avoir ini­tia­le­ment pro­mises pour l'été, ces re­com­man­da­tions ont été pu­bliées le 26 sep­tembre au ma­tin sur le site de l'Agence. Elles se­ront sou­mises pen­dant deux mois à consul­ta­tion pu­blique, puis ap­pli­quées à toute nou­velle spé­cia­lité do­tée d'une au­to­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché (AMM) par la suite.

Des re­cos contrai­gnantes

Les fa­bri­cants qui choi­si­raient de ne pas s'y confor­mer risquent de voir pu­re­ment et sim­ple­ment re­je­tée leur de­mande. Car l'ANSM édicte certes des « re­com­man­da­tions » mais a, de toute fa­çon, le der­nier mot en ce qui concerne les AMM fran­çaises. Dé­tail qui a son im­por­tance : ces règles ne se­ront pas ré­tro­ac­tives. En clair, le nom ou la pré­sen­ta­tion de spé­cia­li­tés déjà sur le mar­ché mais qui ne res­pec­te­raient pas les fu­tures règles ne se­raient pas re­mis en cause. Il faut dire que les fa­bri­cants ne manquent pas d'ima­gi­na­tion, sur­tout « de­puis deux ou trois ans et no­tam­ment sur le su­jet des arômes : on a tous les fruits exo­tiques, com­mente Ca­role Le Saul­nier. Les arômes sont né­ces­saires, no­tam­ment en pé­dia­trie. De là à en faire un élé­ments mar­ke­ting et ne vendre que le côté fraise et non le mé­di­ca­ment, cela nous gêne ». D'autre part, ces règles ne concernent que les mé­di­ca­ments et non les (très) nom­breux com­plé­ments ali­men­taires ou autres dis­po­si­tifs mé­di­caux, sur les­quels l'Agence a moins de prise.

Concrè­te­ment, pour les fu­turs noms de fan­tai­sie : 

  • « le nom de fan­tai­sie pro­posé doit être choisi de fa­çon à évi­ter toute confu­sion avec d’autres mé­di­ca­ments ; il doit en outre [l'être] de fa­çon à évi­ter toute confu­sion avec d’autres pro­duits de santé », que ce soit à l'écrit ou pho­né­ti­que­ment ;
  • les mots tels que : « fort », « faible », « plus », « moins », « ul­tra », « vite », « hy­per », « vi­tal », « flash », « control », « stop », « anti », « bio »… ne doivent pas être uti­li­sés ;
  • un nom ou une syl­labe met­tant en évi­dence un su­per­la­tif, même or­tho­gra­phié dif­fé­rem­ment, ne doit pas non plus être uti­lisé. Exemple : « X... for » ;
  • le même nom de fan­tai­sie ne doit pas être uti­lisé à la fois pour un mé­di­ca­ment sou­mis à pres­crip­tion mé­di­cale obli­ga­toire (PMO) et pour un mé­di­ca­ment de pres­crip­tion mé­di­cale fa­cul­ta­tive (PMF). 

Des goûts sans os­ten­ta­tion

Concer­nant les arômes de mé­di­ca­ment, les fa­bri­cants sont ap­pe­lés au tact et à la me­sure : leur « men­tion sur le condi­tion­ne­ment ex­té­rieur des mé­di­ca­ments [doit ap­pa­raître] de ma­nière non os­ten­ta­toire, [...] en res­pec­tant en par­ti­cu­lier la pré­émi­nence de la “DCI”, du do­sage et de la voie d'ad­mi­nis­tra­tion ». De plus, « la men­tion de l’arôme dans le nom de fan­tai­sie peut être ad­mise de ma­nière ex­cep­tion­nelle en vue d’une meilleure ob­ser­vance du trai­te­ment. Elle doit néan­moins re­flé­ter le nom de l’arôme prin­ci­pal en­trant dans la com­po­si­tion du mé­di­ca­ment, de fa­çon neutre et sans ca­rac­tère pro­mo­tion­nel ». Une pierre dans le jar­din d'Upsa et de ses Ef­fe­ral­gan ca­puc­cino et va­nille-fraise, qui avaient dé­frayé la chro­nique fin 2015. À no­ter qu'Upsa a an­noncé le re­trait de ces men­tions en juin der­nier.

En­fin, en ce qui concerne les marques om­brelles, l'ANSM dis­tingue deux cas :

  • la marque om­brelle ne concer­nant que des mé­di­ca­ments : elle n'est pas ex­pres­sé­ment in­ter­dite mais uni­que­ment en­vi­sa­gée « sous cer­taines condi­tions et sous ré­serve qu’elle n’in­duise pas de risques pour la santé pu­blique » ;
  • en re­vanche, la « marque om­brelle concer­nant des mé­di­ca­ments et des pro­duits de sta­tuts dif­fé­rents » sus­cite l'ire de l'ANSM : « Une pro­po­si­tion de nom de mé­di­ca­ment re­pre­nant tout ou par­tie du nom d’un autre pro­duit exis­tant ou ayant existé, sera re­fu­sée. » On no­tera que, dans le cas To­plexil Phyto, il s'agis­sait du cas in­verse : un dis­po­si­tif mé­di­cal, que l'ANSM ne vise pas avant com­mer­cia­li­sa­tion, ayant re­pris le nom d'un mé­di­ca­ment dont son fa­bri­cant avait de­mandé le dé­rem­bour­se­ment pour pou­voir com­mu­ni­quer au­près du grand pu­blic.

Contac­tée, l'As­so­cia­tion fran­çaise de l'in­dus­trie phar­ma­ceu­tique pour une au­to­mé­di­ca­tion res­pon­sable (Afipa), re­pré­sen­tant les in­dus­triels du sec­teur de l'OTC, dit « prendre connais­sance » du do­cu­ment. Tout comme Sa­nofi, qui as­sure « pro­cé­der à l'ana­lyse du texte ». Ré­ponse dans deux mois.

Par Laurent Simon

26 Septembre 2016

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