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Le sommeil mal traité

Le magazine 60 millions de consommateurs s'attaque aux somnifères et rappelle l'importance du conseil pharmaceutique.

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Le sommeil des Français est de mauvaise qualité. C'est ce que confirme une étude conjointe de l'Institut national de veille sanitaire (INVS) et de la Mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN) menée en 2015, révélant qu'un quart d'entre eux se plaint de manquer de sommeil et qu’un tiers déclare souffrir de difficultés d'endormissement et d'un sommeil morcelé. Pour y remédier, beaucoup ont donc recours à des médicaments, prescrits ou en vente libre, ainsi qu'à des compléments alimentaires, comme la mélatonine, à la phytothérapie ou encore aux huiles essentielles. Ce sont toutes ces solutions qu'a évaluées l'Institut national de la consommation (INC) dans le dernier hors-série de son magazine 60 millions de consommateurs.

Des prises beaucoup trop longues

Sans grande surprise, le magazine revient sur la consommation de benzodiazépines par les Français, jugée encore trop élevée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), « en particulier chez les plus de 65 ans », mais relève toutefois une baisse de 10 % entre 2012 et 2015. Les risques importants de dépendance qu'elles induisent et leur manque d'efficacité au long cours, qui ont d'ailleurs mené la Haute Autorité de santé (HAS) à baisser leur remboursement de 65 à 15 % en 2014, ne plaident pas en leur faveur, sauf dans des situations bien cadrées médicalement. Quant aux somnifères en automédication, soit trois antihistaminiques (Donormyl, Lidène et Phénergan), le tableau dressé par le magazine n'est pas beaucoup plus reluisant, d'autant que la durée de leur prise dépasse beaucoup trop souvent et très largement celle qui est indiquée sur la notice, à savoir 2 à 5 jours au-delà desquels il est fortement conseillé de consulter. Sans compter que certaines autres spécialités OTC, comme le sirop antitussif Toplexil, sont détournées de leur usage par certains insomniaques.

Future mission ?

Afin « d'éviter des dérives, aux conséquences parfois graves, de l'automédication », 60 millions de consommateurs rappelle clairement que « le pharmacien peut jouer un rôle de conseil très important », notamment auprès des séniors, en les orientant vers un spécialiste du sommeil et, dans tous les cas, en n'omettant jamais d'indiquer les effets indésirables induits par nombre de ces substances (baisse de la vigilance, somnolence, troubles cognitifs, addiction...). En 2015, le professeur Jean-Luc Harousseau, alors président de la HAS, exprimait d'ailleurs dans un article du Figaro son souhait de voir la question du sommeil « abordée de façon systématique en consultation et, pourquoi pas, dans les pharmacies ». Une idée de nouvelle mission pour les officinaux ?

Par Benoît Thelliez

8 Novembre 2018

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