C'est peu dire que le décret du 14 octobre 2017 incitant les laboratoires à apposer des pictogrammes sur les emballages des médicaments potentiellement tératogènes et fœtotoxiques ne trouve pas grâce aux yeux de la communauté médicale. Après le Collège de la médecine générale (CMG), l'Académie nationale de médecine ou encore le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), c'est au tour de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) d'alerter sur la dangerosité de la mesure. Dans un communiqué diffusé le 13 juin, cette dernière explique qu'elle « a décidé de réagir » face à une démarche qui « va en effet totalement à l'encontre de la stratégie préconisée dans le traitement de la maladie » asthmatique et qui « semble injustifiée, voire dangereuse, compte tenu des données scientifiques disponibles sur le sujet ».
Poursuivre le traitement
Pour la SPLF, le motif d'apposition du pictogramme « grossesse = danger » sur les conditionnements des corticoïdes inhalés et des bronchodilatateurs de type bêta 2 mimétiques provient en effet « d'études animales avec utilisation des médicaments à forte dose et par voie systémique ». Des données qui ne peuvent donc « pas être extrapolées à l'homme chez qui les traitements sont utilisés à des doses bien inférieures et par voie inhalée ». En conséquence, la société savante recommande aux patientes de ne pas interrompre leur traitement de l'asthme en cas de grossesse, même en présence d'un pictogramme d'avertissement sur l'emballage de leur médicament. Aux médecins, elle rappelle que « la balance bénéfices/risques est très en faveur de la poursuite de ces médicaments » et que « leur interruption expose à des risques pour la grossesse et le fœtus ». Autant d'informations qu'il serait également bon de délivrer au comptoir lors de la dispensation.