Une fausse bonne idée. C’est le sentiment du Leem (Les entreprises du médicament) à l’égard de la dispensation des médicaments à l’unité (DAU) pour laquelle les députés ont donné leur feu vert dans le cadre de l’examen du projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Toutefois, contrairement à la proposition initiale, l’amendement qu’ils ont adopté prévoit un recours limité de la vente à l’unité à quelques médicaments dont la liste sera fixée par arrêté. L’idée de la généraliser à tous les traitements a donc été abandonnée. « Afin d’éviter le gaspillage des médicaments, lorsque leur forme pharmaceutique le permet, la délivrance de certains médicaments en officine peut se faire à l’unité », dispose ainsi le texte voté.
En 2022 au plus tard
Des décrets en Conseil d’État doivent encore déterminer « les modalités particulières de conditionnement, d’étiquetage, d’information de l’assuré et de traçabilité pour ces médicaments » et fixer une date d’entrée en vigueur de la mesure, au plus tard le 1er janvier 2022. Quoi qu’il en soit, les industriels sont très réservés vis-à-vis de la DAU. « Celle-ci est totalement incompatible avec la sérialisation à la boîte entrée en vigueur le 9 février 2019 et fait peser des risques réels sur la sécurité et la traçabilité des médicaments lors de leur distribution aux patients », affirme le Leem. Le syndicat de l’industrie pharmaceutique estime également que cette mesure va, paradoxalement, à l’encontre des objectifs environnementaux portés par ce projet de loi. En effet, les entreprises devraient mettre à disposition des pharmaciens des blisters avec prédécoupes individuelles, bien plus grands que les blisters classiques et susceptibles de générer 30 % de déchets supplémentaires.
Également opposé au principe d’une délivrance à l’unité, le Gemme (Générique, même médicament) pense, lui, que la mise en œuvre de la DAU obligerait les officines à investir dans de nouveaux équipements robotisés pour éviter les erreurs liées aux nombreuses manipulations nécessaires. Sans cette automatisation, celles-ci seront obligées de changer leur organisation pour faire face à un temps de préparation plus long. Dans ce contexte, le Gemme estime nécessaire de soutenir financièrement les officines afin de les accompagner dans cette nouvelle mission. Avis partagé par la FSPF qui déplore l’absence de modèle économique prévu par le projet de loi. « Aucun pharmacien ne pourra s’engager dans la dispensation à l’unité sans contrepartie financière », prévient d’ores et déjà le syndicat.