Une opération douanière menée dans 16 ports maritimes africains en septembre dernier a permis de saisir 113 millions d'unités médicamenteuses (comprimés, gélules...), 13 millions de comprimés de compléments alimentaires et 5 000 dispositifs médicaux illicites (falsifiés, contrefaits, sans autorisation de mise sur le marché ou non conformes en termes de conditions de conservation). Parmi les médicaments découverts, ont été recensés une majorité d'antipaludéens (30 millions), d'anti-inflammatoires (28 millions) et d'antibiotiques (17 millions). Bien que présents en plus faible quantité (2 millions), des anticancéreux figuraient aussi au tableau des produits découverts. Tous ceux-ci étaient originaires à 97 % d'Inde et de Chine.
Crimes impunis
Les trafics portent aussi bien sur des médicaments accessibles sur prescription que sur des génériques ou des médicaments OTC. Et perdurent, malgré de nouvelles saisies chaque année supérieures aux précédentes, notamment en raison de l'« inertie des pouvoirs publics », de l'« inadéquation des codes pénaux » entre les pays – et donc des suites données – ou encore des juges et procureurs « dépassés », commente Bernard Leroy, magistrat et directeur de l'Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm).
Si les circuits d'importation parallèle épargnent pour l'instant la France, ce n'est pas le cas de l'Europe où les organisations criminelles parviennent à introduire dans le circuit légal des produits volés puis falsifiés. Cela avait été le cas en 2014 avec des flacons d'Herceptin qui, après avoir été dérobés en Italie puis contrefaits, étaient réapparus en Allemagne, en Finlande et au Royaume-Uni. Pour Quentin Duteil, en charge des projets de lutte contre le trafic de faux médicaments à la Fondation Chirac, il est important de « sensibiliser les professionnels de santé en France, qui ne sont pas formés » à cette question.