Dans son rapport 2013-2014 publié début février, l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) égratigne le numerus clausus. Pour l'Observatoire, ses modalités actuelles de fixation devraient, « si le dispositif est conservé », être largement améliorées. Il estime notamment qu'il faudrait davantage l'anticiper afin qu'il puisse remplir ses objectifs de « garantir à terme une densité de professionnels de santé optimale pour couvrir les besoins de la population » : il préconise ainsi « un modèle de projection démographique » qui permettrait d'« estimer de façon régulière les niveaux de numerus clausus » en « actualis[ant] fréquemment les variables introduites dans le modèle ».
Un avis partagé par les étudiants en pharmacie, réunis en assemblée générale ce week-end, même s'ils estiment que le dispositif doit être maintenu. « Le numerus clausus est critiquable, notamment dans la manière dont il est fixé, mais on ne peut pas s'en affranchir complètement car il reste le meilleur moyen d'assurer la régulation de nos études », estime Maxime Villoria, représentant des étudiants de la faculté de pharmacie de Lyon. « Nous sommes favorables à une sélection qui garantit un niveau universitaire minimum à atteindre par les étudiants. Mais cette sélection ne doit être ni précoce, pour éviter les problèmes de sélection sociale, ni tardive, pour limiter tout gâchis humain », résume Lauranne Dubois, vice-présidente éducation et réformes de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Elle rappelle que le numerus clausus « garantit à la population un nombre de pharmaciens minimum » et permet « de ne pas avoir un marché du travail sur-saturé, donc de maintenir un faible taux de chômage dans la profession ».
Ajustement régional
Toutefois, force est de reconnaître qu'à « l'heure actuelle, ses critères de fixation ne sont plus pertinents ». Les étudiants regrettent en particulier l'absence de réelle réflexion pluri-annuelle de ce numerus. « Or la décision que l'on prend aujourd'hui aura un impact dans six ans ! De crainte de se tromper, les ministères préfèrent prendre les mêmes chiffres que l'année précédente », déplore l'ANEPF. Par ailleurs, « un rééquilibrage est également nécessaire au niveau régional, souligne Maxime Villoria. Certaines régions mériteraient peut-être une augmentation de leur numerus clausus, tandis que d'autres auraient besoin qu'il soit baissé ». Les administrateurs de l'ANEPF ont donc mandaté leur bureau national pour qu'il participe à l'élaboration de nouveaux critères de fixation du numerus.