Avec 44 officines contrôlées positives suite aux inspections de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), la profession ne sort pas indemne de l'affaire Lactalis : 3 % des officines ont-elles indûment vendu des produits qui aurait dû être retirés de leurs rayons ? Il est trop tôt pour le dire mais la profession s'organise pour que cette situation ne se reproduise pas. Le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (Cnop) a ainsi pris contact avec les éditeurs de logiciel d'aide à la dispensation (LAD) et assurait le 16 janvier que, dès le lendemain 17 janvier, « plus de 80 % des officines verront un message s’afficher sur leur poste en cas de tentative de dispensation d’un produit Lactalis rappelé ». La prédiction était tout de même un peu optimiste : « Le Cnop nous a demandé de positionner dans le logiciel une alerte à la saisie des produits rappelés, indiqueVirginie Molle-Boissier, directrice marketing et communication de Smart RX. Cette alerte sera opérationnelle dès demain matin [vendredi 19 janvier, NDLR] et un message sera affiché si vous délivrez un produit concerné par le rappel. »
Les éditeurs sur le pont
Denis Supplisson, directeur général délégué de Pharmagest interactive et vice-président de la Fédération des éditeurs d'informatique médicale et paramédicale ambulatoire (Feima), confirme que l'ensemble des pharmaciens travaillant avec Pharmagest, qui équipe plus de 40% du parc officinal, reçoit depuis lundi dernier un message dès le scan ou l'appel par le nom d’un produit Lactalis « mais il n'y a pas de réponse unique ; les principaux éditeurs ont répondu et ont mis en place des dispositifs mais [les modalités] dépend[ent] des logiciels ». « Un message d’information sera diffusé vendredi 19 janvier directement au sein de notre applicatif V6. En parallèle, nous avons intégré un message d’alerte automatique en cas de dispensation d’un des produits concernés », témoigne également Philippe Desquesses, directeur marketing et commercial de Caduciel informatique. Même son de cloche du côté d'Isipharm où un message, qu'il est possible d'ignorer, s'affiche en cas de scan d'un produit retiré. Contacté, Winpharma n'a pas pu répondre à nos sollicitations.
Des procédures à revoir
Si les procédures de retrait/rappels des lots en officine semblent bien rôdées pour les médicaments, en particulier depuis la mise en place du DP-alertes en 2011 pour les pharmacies raccordées au portail du dossier pharmaceutique (DP), il semble y avoir des trous dans la raquette pour les autres produits. Avec des raisons objectives : malgré les nombreux messages envoyés par l'Ordre et les pouvoirs publics et qui auraient dû entraîner une quarantaine immédiate des produits concernés, les pharmaciens n'étaient jusqu’à présent pas prévenus systématiquement au moment de la délivrance, même si d’éventuelles ventes de produits retirés resteraient difficilement justifiables. « Le code-barres de ces produits n'est pas en 2D [sous forme de Datamatrix, NDLR], comme pour les médicaments, et ne comporte ni le numéro de lot du produit, ni sa date de péremption », précise Denis Supplisson. Ces mesures suffiront-elles à éviter une nouvelle affaire Lactalis ? L'avenir le dira.