Le sondage commandé par l'Ordre national des pharmaciens et mené auprès de 1 000 confrères, toutes sections confondues, par l'institut CSA n'est évidemment pas un hasard : l'expérimentation de la vaccination antigrippale à l'officine en Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine bat son plein. À la question « Êtes-vous favorable à l'obligation pour les professionnels de santé de se faire vacciner contre la grippe ? », la profession répond ainsi par l'affirmative, à la majorité. Il faut dire que les pharmaciens sont déjà les bons élèves de la vaccination antigrippale, loin devant « les infirmiers, les kinésithérapeutes ou les sages-femmes », selon Carine Wolf-Thal, présidente de l'Ordre : 47 % déclarent avoir été vaccinés contre la grippe l'hiver dernier, un taux « plus important chez les titulaires d'officine » que chez les adjoints, soit 60 % versus 34 %. L'Ordre n'a pour autant pas pris de décision officielle quant à cette éventuelle obligation : « Nous en avons parlé pour la première fois lundi [22 janvier] au sein du Conseil national. »
Sous surveillance
La ministre de la Santé Agnès Buzyn, surfant sur l'actualité de l'extension de l'obligation vaccinale à onze valences chez les enfants, a, quant à elle, prévenu les professionnels de santé dans un récent entretien au Quotidien du médecin : « Si je vois que la vaccination antigrippale ne progresse pas chez les soignants dans les années à venir, la question de l’obligation se reposera. » Aujourd'hui, seules certaines vaccinations sont obligatoires chez les professionnels de santé – la grippe n'y figure pas – et aucune ne l'est chez les pharmaciens. Mais ces derniers auront moins de mal que d'autres à s'y plier, même si Carine Wolf-Thal reconnaît qu'une telle mesure nécessitera des « moyens de contrôle » et une marche à suivre à l'égard des professionnels récalcitrants : « Quid si un pharmacien adjoint ou une préparatrice refuse de se faire vacciner ? Nous n'avons pas les outils pour le moment », résume-t-elle.