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Les overdoses bientôt traitées à domicile

L'ANSM s’est prononcée en faveur de la dispensation par les officines de la naloxone intranasale, traitement des overdoses aux opiacés. Ce qui soulève quelques interrogations.

 

En passe d’obtenir une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) de cohorte, la naloxone intranasale – le produit n'a pas encore de nom – pourrait débarquer en officine d'ici à début 2017, après avoir obtenu son autorisation de mise sur le marché. Les autorités sanitaires, pour répondre à la demande de l’Organisation mondiale de la santé, ont en effet pour projet de mettre à disposition ce médicament de la manière la plus large et la plus facile possible : la commission des stupéfiants et psychotropes de l'Agence nationale de sécurité du médicament s'est ainsi prononcée, le 15 octobre dernier, pour sa mise à disposition en officine. Un avis consultatif mais qui a de bonnes chances d'être suivi. Outre les officines, les Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogue (Caarud), qui ne disposent pas de pharmacie à usage intérieur, seraient aussi des vecteurs de choix, en plus des pharmacies hospitalières et probalement des Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).

À qui se destine la naloxone intrasale ? Les patients sous traitement de substitution et les détenus venant de sortir de prison, les plus susceptibles de fréquenter des toxicomanes, seraient les premiers bénéficiaires de cet antidote. Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments stupéfiants et psychotropes à l’ANSM, interrogée fin octobre, précisait toutefois : « On ne sait pas quel public on va toucher ni dans quel ordre. On ne peut pas dire que ce sera disponible dans toutes les officines mais c’est envisagé. Il y a beaucoup de choses à mettre en place avant. » En effet, la formation des professionnels de santé sera un prérequis indispensable à la prescription et à la dispensation, afin de former les patients eux-mêmes. Selon l’ANSM, « cette formation se fera plutôt lors de la consultation. Il n’y aura pas de produit s’il n’y a pas eu de formation au préalable ».

Se pose alors la question des conséquences de l’exonération de la naloxone intranasale, officialisée par un arrêté publié au Journal officiel le 13 octobre dernier, alors même que le produit n’existe pas encore. De facto, il ne nécessitera plus de prescription médicale pour sa délivrance, une fois qu'il sera sur le marché. D’une part, il reviendra alors au pharmacien de former à l’utilisation de ce médicament. D’autre part, une prise en charge spécifique devra probablement être mise en place, à l’instar de ce qui a été instauré pour la contraception d’urgence des mineures car, pour l'instant, ce médicament, bien que remboursable, ne pourrait théoriquement l’être sans prescription médicale nominative. Ce à quoi s’oppose l'ANSM « dans un but de santé publique ». On n'a pas fini d'entendre parler de la naloxone intranasale.

Par Élise Brunet

20 Novembre 2015

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