Formulaire de recherche

Les patients veulent des prix fixes

Le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) fait des propositions sur la politique du médicament. Certaines sont décapantes.

Vers la fin de la liberté des prix sur le non-remboursable ?

 

On en­tend as­sez peu sou­vent les pa­tients sur les pro­blé­ma­tiques de fixa­tion des prix des mé­di­ca­ments ou de leur éva­lua­tion au sein du sys­tème de santé. Dans un do­cu­ment pu­blié hier, le Col­lec­tif in­ter­as­so­cia­tif sur la santé, qui ras­semble 40 as­so­cia­tions de pa­tients, tente d'y re­mé­dier. Parmi ses 21 pro­po­si­tions, cer­taines ne man­que­ront pas de faire ré­agir, no­tam­ment celle qui pro­pose car­ré­ment de « dé­fi­nir une pro­cé­dure de fixa­tion des prix des pro­duits de santé non rem­bour­sables par l’as­su­rance ma­la­die obli­ga­toire ». En d'autres termes, fini la li­berté des prix en of­fi­cine pour l'OTC « stricte » et ce, pour une rai­son : « li­mi­ter la concur­rence pour fa­vo­ri­ser l'ac­cès aux soins ». Pas sûr que les phar­ma­ciens l'en­tendent de cette oreille. 

Sur les gé­né­riques, phar­ma­ciens et pa­tients se­ront plus rac­cords. En ef­fet, le Ciss se dé­clare « fa­vo­rable » à leur dé­ve­lop­pe­ment, en in­sis­tant même sur l'obli­ga­tion de pres­crire en dé­no­mi­na­tion com­mune in­ter­na­tio­nale (DCI), obli­ga­toire de­puis le 1er jan­vier 2015 mais peu ap­pli­quée par les mé­de­cins, ou sur la sen­si­bi­li­sa­tion des mé­de­cins aux « me-too » – ces spé­cia­li­tés n'ap­por­tant au­cun bé­né­fice thé­ra­peu­tique mais gé­né­ra­le­ment plus chères que les pro­duits de ré­fé­rence – par l'in­ter­mé­diaire de leurs lo­gi­ciels de pres­crip­tion.

Autre pro­po­si­tion qui au­rait des ré­per­cus­sions di­rectes sur les of­fi­cines : une « conver­gence des prix » au sein d'une même classe thé­ra­peu­tique. Par exemple, un prix unique pour les sta­tines, comme l'évo­quait déjà l'As­su­rance ma­la­die dans son rap­port « Charges et pro­duits » en 2014, ci­tant le cas du Ta­hor. Dans une autre de ses pro­po­si­tions, le Ciss prône le dé­ve­lop­pe­ment des en­tentes préa­lables, un ré­gime au­quel est as­treint une autre sta­tine – la ro­su­vas­ta­tine (Cres­tor) – de­puis dé­cembre der­nier et qui su­bor­donne sa prise en charge à l'ac­cord de l'As­su­rance ma­la­die. En­fin, le col­lec­tif in­siste pour être par­tie pre­nante au sein du Co­mité éco­no­mique des pro­duits de santé (CEPS), l'ins­tance gou­ver­ne­men­tale char­gée de la fixa­tion des prix. Bien­tôt la fin de « l'entre-soi mé­dico-ad­mi­nis­tra­tif » qui règne sur le sys­tème de santé fran­çais ? Trop tôt pour le dire.

 

Par Laurent Simon

20 Mai 2015

Pour aller plus loin

© Le Pharmacien de France - 2025 - Tous droits réservés

Hy-phen-a-tion