Le déclencheur du retrait des opiacés (codéine, éthylmorphine ou noscapine) est connu – la mort de deux adolescents ayant consommé du purple drank –, ses conséquences beaucoup moins. Depuis leur listage éclair mi-juillet dernier, suite à une décision de la ministre de la Santé Agnès Buzyn (lire également notre interview « Je veux m'inscrire dans le long terme ») pour d’évidentes raisons de santé publique, les pharmaciens ne savent plus où donner de la tête. En l’absence de rappels de lots, les stocks d’opiacés listés sont bel et bien délivrables sur présentation d’une ordonnance ad hoc, malgré l’absence des mentions légales : notice adaptée, cadre vert ou rouge… mais difficiles, voire impossibles à délivrer car toujours non remboursables.
Cas de figure inédit
Les principaux acteurs du désormais ex-marché des opiacés en OTC tiennent tous le même discours : « les stocks déjà en pharmacie restent conformes aux spécifications », estime-t-on par exemple du côté d’Ipsen, qui est devenu « responsable de la distribution de Prontalgine en France depuis le 1er juillet 2017, après l’avoir acquis courant 2017 auprès de Sanofi ». Mauvais timing pour le laboratoire, qui confirme que « du fait du contexte juridique spécifique à Prontalgine, cela empêche la reprise des stocks. » L’industriel annonce quand même avoir « entrepris une campagne de promotion auprès des médecins généralistes » pour cette spécialité emblématique et très connue du grand public, même si des alternatives remboursables existent. Du côté de chez Pierre Fabre (Codedrill…), également confronté à cette situation inédite, on maintient également que « les stocks présents dans le circuit pharmaceutique sont vendus en l’état, mais sous prescription médicale obligatoire. » Chez Sanofi (Doliprane codéine), on laisse en revanche la porte entrouverte : « Nous restons à l’écoute des pharmaciens en fonction de leur problématique individuelle pour gérer au cas par cas les demandes spécifiques sur ce sujet. » Enfin, pour ce qui est du Néo-Codion, mystère, le laboratoire Bouchara Recordati n’ayant pas répondu à nos demandes de renseignements depuis la vague de listage mi-juillet. Quoi qu’il en soit, ce n'est pas la pression populaire qui ramènera ces molécules en OTC puisqu’une pétition lancée sur Change.org à la mi-juillet ne recueillait deux mois après que… 94 signatures.