J’ai, comme vous, suivi avec attention cette campagne présidentielle et assisté à l’élection d’Emmanuel Macron le 8 mai dernier. J’ai, comme vous, écouté les promesses, lu les programmes. Et, comme vous, aujourd’hui, j’attends des décisions fortes de la part de notre nouveau gouvernement. Non seulement sur la pharmacie en tant que profession de santé mais aussi, et c’est ma motivation à écrire ces lignes, en tant que chef d’entreprise et employeur. Car l’officine, c’est 22 000 entreprises de proximité, non délocalisables, 120 000 salariés et plus de 7 000 jeunes en formation. L’orientation prise par le gouvernement appelle plusieurs remarques de ma part.
La première est évidente mais semble ne jamais avoir été prise en compte par nos gouvernants : on ne dirige pas une très petite entreprise (TPE), les officines dans leur écrasante majorité, comme on dirige une société cotée au CAC 40. La nomination au sein des cabinets ministériels de transfuges de grands groupes industriels est certes un signal fort envoyé au secteur privé mais il ne doit pas occulter la réalité de nos entreprises à taille humaine.
« On ne dirige pas une officine en milieu rural
de la même manière
que Danone. »
Titulaire d’une officine en milieu rural et dirigeant de Danone sont deux exercices bien différents. Si la simplification du code du travail ne peut être que bénéfique pour les employeurs que nous sommes – aucun titulaire ne dispose d’un service de ressources humaines sur lequel se reposer –, d’autres questions émergent… auxquelles les réponses manquent aujourd’hui.
Réformer le régime social des indépendants (RSI) ? Pourquoi pas, mais à condition de conserver un guichet spécifique pour les professionnels libéraux que nous sommes. Supprimer les organismes paritaires collecteurs agréés (Opca) ? Pas si les salariés que nous employons ou nous-mêmes nous retrouvons entravés dans notre désir d’évoluer parce que le principe de mutualisation qui régit pour l’instant le financement de la formation est annihilé par une mesure prise à la va-vite. Enfin, concernant le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), qui a été un ballon d’oxygène pour la profession, toute modification, que ce soit dans le périmètre ou dans le montant, devra se faire de manière concertée avec les pharmaciens.
Dans toute cette incertitude, une chose me rassure : le ralliement de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), à laquelle appartient la FSPF, à l’Union des entreprises de proximité (U2P) nous permettra d’être aux premières loges de toutes les négociations interprofessionnelles, plutôt que de les observer depuis le strapontin qui nous était jusqu’alors réservé.