Vous avez tous en rayon dans vos officines des pansements au nitrate d’argent. Ce sel métallique est utilisé depuis la fin du XIXe siècle comme antiseptique local, avec un certain succès. Au nitrate d’argent a succédé depuis quelques années la sulfadiazine argentique, en particulier dans les cas de brûlures. Concernant l’argent colloïdal, le Vidal ne recense que les oligoéléments (Oligosol, Catalyons), seuls cas d’utilisation par voie orale en France.
Interdit par voie orale
Internet regorge en revanche de solutions contenant de l’argent plus ou moins concentré préconisées pour l’usage externe mais qu’il serait tentant pour un patient d’ingérer. En effet, l’argent colloïdal, présenté comme naturel et non toxique par ses promoteurs, bénéficie d’une excellente réputation. Il serait actif contre des dizaines de pathogènes, virus, bactéries ou champignons (Candida albicans, streptocoques, herpès...). Ce discours est entretenu par des vendeurs de produits à base d’argent, comme l’Institut Katharos, qui se plaignent de son interdiction dans les compléments alimentaires depuis 2009 en Europe. Rappelons que c’est également le cas depuis 1999 aux États-Unis. La Federal Drug Administration (FDA) est d’ailleurs très claire concernant son utilisation : « l’argent colloïdal peut provoquer des effets indésirables graves » et n’a prouvé « ni son efficacité ni son innocuité » une fois ingéré. Il pourrait également générer des interactions avec les antibiotiques et la thyroxine. De fait, sans écarter une possible efficacité, les preuves manquent cruellement pour conseiller son utilisation. Alors, attention aux thérapies sauvages ! Ceux qui en abuseraient risquent de finir comme Paul Karason. Surnommé Papa Smurf – Grand Schtroumph en version française –, cet Américain a en effet utilisé de l’argent colloïdal tous les jours pendant dix ans en usage interne et externe. Il a développé cette couleur bleu sombre (voir photo ci-dessus), une maladie connue sous le nom d’argyrisme.
intox !