Entre 2006 et 2014, plusieurs centaines de malformations congénitales dues au valproate auraient pu être évitées, estime Le Figaro dans son édition du jour. Pour arriver à ce chiffre, le quotidien a extrapolé à la France entière les données du registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera). C'est en effet en 2006 que le résumé des caractéristiques du produit (RCP) de la Dépakine mentionne pour la première fois que l'utilisation de la molécule doit être « déconseillée tout au long de la grossesse et chez les femmes en âge de procréer sans contraception efficace », même si ses effets sur le développement cognitif des enfants (diminution du quotient intellectuel, syndromes autistiques...) ne font encore pas l'objet d'alertes claires : « Les données épidémiologiques actuelles n'ont pas mis en évidence une diminution du quotient intellectuel global chez les enfants exposés in utero [...]. Des études complémentaires sont nécessaires. » L'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant (Apesac) assure qu'aucune précaution n'a été prise avant début 2015, à l'issue de la réévaluation européenne de la molécule : selon elle, ce serait au moins 30 000 enfants qui seraient nés handicapés depuis le milieu des années 1980. On est loin des 425 malformations supposées par Le Figaro sur une période plus restreinte de huit ans, une estimation qui elle-même excède celle issue des bases de pharmacovigilance de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Cette dernière avançait en mai dernier un chiffre, nécessairement sous-évalué puisque résultant des déclarations de professionnels de santé, de 126 malformations détectées. Sur fond de procédures judiciaires entre le laboratoire et les patients, la bataille des chiffres ne fait que commencer.
Le valproate compte ses victimes
18 Juin 2015