À tour de rôle, les protagonistes de l'affaire du valproate, dont toutes les révélations sont probablement loin d'être terminées, se saisissent du dossier. Il y a d'abord eu les plaintes de l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant (Apesac), au civil (en 2012) puis au pénal (en mai dernier pour la première, 10 à 15 autres devraient suivre prochainement). Puis, l'Agence nationale du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie, sollicitées par le député PS Gérard Bapt (Haute-Garonne), ont décidé en juin de conduire une étude pour estimer l'impact sanitaire de l'exposition in utero à cet antiépileptique. C'est désormais au tour de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, de s'emparer de la question, en confiant à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) le soin d'enquêter sur la Dépakine, révèle Le Figaro dans son édition du 7 juillet.
Communication déficitaire
L'Igas devra notamment élucider « la question du retard des informations fournies aux prescripteurs », indique le quotidien national. Une mauvaise diffusion, de la part de Sanofi – qui a commercialisé le princeps puis le générique à partir de 1998 – comme des autorités sanitaires, des mesures de précaution prises à partir de 2006 expliquerait en effet, en partie, la méconnaissance des effets délétères du médicament sur le fœtus. C'est en tout cas ce qu'avance l'avocat des familles qui ont porté plainte, Me Charles Joseph-Oudin.
De leur côté, Sanofi et l'ANSM assurent que le résumé des caractériques du produit (RCP) a été régulièrement actualisé depuis 1986, au gré de l'évolution des connaissances scientifiques. Mais ce n'est qu'en 2006 qu'un changement majeur est introduit, le RCP de la Dépakine déconseillant alors pour la première fois le valproate au cours de la grossesse. Cependant aucune communication particulière sur les risques liés à la maladie et à ses traitements ne sera effectuée. Ni par l'ex-Afssaps (ANSM) qui avait pourtant, à l'époque, estimé nécessaire un effort d'information. Ni par le laboratoire : la molécule ayant été génériquée en 1998, les visites médicales effectuées par Sanofi et destinées à diffuser les recommandations auprès des praticiens avaient été arrêtées. Une pratique des laboratoires qui n'a toutefois rien d'inhabituel. Qui du fabricant, de l'ANSM, des médecins prescripteurs, ou des trois à la fois, sera au final mis en cause ? Il appartiendra aux diverses procédures en cours de le déterminer.