Nous vivons dans un monde en accélération permanente. Au lendemain des universités d’été des industriels du médicament, je ne peux retenir qu’une chose des débats auxquels j’ai assisté : le progrès ne nous attendra pas. Objets connectés, médecine personnalisée, biotechnologies ne sont encore pour l’instant que des concepts abstraits, vu de derrière nos comptoirs. Notre quotidien est toujours fait de délivrances, de prescriptions, de boîtes… comme depuis l’après-guerre. Mais cela ne durera pas. Il n’y aura certes pas de « grand soir » de l’innovation ; en d’autres termes, nous ne nous mettrons pas demain à délivrer des spécialités développées pour un patient donné. Mais qu’en sera-t-il le jour d’après ? Et le suivant ? À trop attendre, la pharmacie accumulera les retards pour finalement devenir obsolète. En un mot : ringarde. Qui peut le souhaiter aujourd’hui ? Pas moi. La réforme de notre profession est non seulement nécessaire mais vitale ; c’était l’un des objectifs de la mise en place des honoraires pharmaceutiques début 2015, une réussite objective pour tous les pharmaciens. Pas le grand soir, non, mais une pierre à l’édifice de la pharmacie de demain, quoique puissent en dire les professionnels du « non » qui les critiquent depuis des mois.
« Il ne faut pas
confondre intérêts
de boutique et intérêt
de la profession. »
J’ai déjà fait cette remarque par le passé, mais je me dois aujourd’hui de la répéter : il ne faut pas confondre intérêts de boutique et intérêt de la profession. Confits dans une opposition stérile, de posture, certains en viennent à oublier l’objet même de leur mission : défendre une profession, accompagner les changements. En deux mots, préparer l’avenir. C’est certes un peu plus complexe, mais c’est l’honneur du syndicalisme. Je sais que les élections pour les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) qui se tiendront le 7 décembre prochain catalysent ce genre de prises de position. Mais la profession mérite mieux que ces débats qui n’en sont pas : discutons de propositions concrètes, projet contre projet, quitte à ne pas être d’accord ! Mais avec des arguments sincères et loyaux. Sans quoi les pharmaciens se désintéresseront – et ils auront raison – d’une campagne exclusivement motivée par une « lutte des places » qui, au final, ne les concernera pas. Je ne voudrais pas finir cet éditorial sans vous souhaiter – si toutefois vous avez la chance d’en prendre – d’excellents congés estivaux. Rendez-vous pour une rentrée qui ne manquera pas d’être chargée !