C'est Le Figaro qui a sonné le rappel dans un article paru le 1er février dernier. Le quotidien pointait des délivrances hors les clous de valproate – sans prescription d'un neurologue ni présentation du formulaire de consentement pourtant obligatoire depuis le 1er janvier – dans certaines officines. « J'ai eu une vingtaine de témoignages de patientes à partir de ma page Facebook », abonde Marine Martin, présidente de l'Association d’aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac). Pourtant 77 % des pharmaciens interrogés en octobre dernier dans un sondage Viavoice déclaraient connaître les nouvelles règles de délivrance. Et la communication vers la profession n'a pas été oubliée, avec notamment une alerte sanitaire diffusée par l'intermédiaire du dossier pharmaceutique en décembre dernier et les courriers de l'Agence nationale du médicament (ANSM) tout au long de l'année 2015.
Des prescripteurs pas convaincus
Le problème ne viendrait-il que de l'officine ? Non. Marine Martin regrette également que « l'info ne passe pas » chez les médecins. Ni semble-t-il chez les patientes : « Les femmes ne sont pas au courant du protocole et ne sont informées à aucun moment. » Le valproate étant l'antiépileptique de référence depuis des dizaines d'années, la pilule semble en effet avoir du mal à passer chez les prescripteurs, à écouter les pharmaciens interrogés. « Malgré les mises en garde que nous avions faites dès décembre, aucun d'entre eux n'est équipé du protocole et c'est même nous qui leur remettons le formulaire pour le faire remplir à leur neurologue, témoigne un titulaire à Priay (Ain). Les neurologues sont apparemment au courant mais prennent cela à la légère, les généralistes de mon secteur ne semblent pas être au courant. » Difficile néanmoins d'avoir une vue d'ensemble, aucun suivi n'ayant été mis sur pied, ni pour le recueil des formulaires de consentement des patientes ni pour la prescription initiale par un neurologue. Il en va de l'initiative personnelle des pharmaciens : « nous scannons chaque formulaire pour le conserver dans le dossier électronique de la patiente [...] mais rien ne nous y oblige », avance Christophe Koperski, titulaire à Marmande. Vous savez ce qu'il vous reste à faire !