Il est toujours urgent d'attendre ! Suite à la décision sans équivoque de la Haute Autorité de santé (HAS) en octobre dernier classant le service médical rendu (SMR) des médicaments anti-Alzheimer comme « insuffisant », leur déremboursement devait logiquement suivre. Il n'en a rien été, alors qu'une partie de la communauté scientifique et médicale y pousse depuis de nombreuses années. Marisol Touraine avait suspendu cette décision à une structuration de la prise en charge de la maladie et appelé le professeur Michel Clanet, neurologue et président du Comité de suivi du Plan maladies neurodégénératives, à produire un rapport sur la question, document qui lui a été remis le 11 avril dernier. Selon ce dernier, les molécules concernées (donépézil, rivastigmine, galantamine, mémantine), bien qu'en perte de vitesse, représentent 90,3 millions d'euros de dépenses en 2015, un chiffre divisé par deux depuis 2012 grâce à l'introduction des génériques et à une baisse des volumes certes modérée, puisque la part des patients traités par ces spécialités n'est passée que de 31 % à 26 % sur la même période.
Question de timing
Le volet financier de ce sujet semble toutefois peser peu : à moins de deux semaines du scrutin présidentiel, la ministre de la Santé a réitéré sa position et, plutôt que de procéder à un quelconque déremboursement, préfère attendre que la prise en charge de la maladie d'Alzheimer soit plus structurée. Elle a donc annoncé le 11 avril dernier avoir opté pour l'instauration d'une consultation Alzheimer à 60 euros en médecine générale à partir du 1er novembre, accompagnée de trois visites annuelles à 70 euros, la mise en place d'un programme de développement professionnel continu (DPC) ad hoc et celle d'unités cognitivo-comportementales supplémentaires. Ce sera donc à son successeur avenue de Ségur de prendre la décision – ou non – de ne plus rembourser les anti-Alzheimer.