Deux jours à peine après l'annonce en fanfare par le groupement Pharmabest de son partenariat avec La Poste pour assurer la livraison des médicaments, l'Ordre des pharmaciens se fendait d'un communiqué qui, sans citer personne nommément, résonnait cependant comme une mise en garde face aux questions « laissées en suspens » par « les services de portage de médicaments effectués par des non-pharmaciens ». Pour Alain Delgutte, président du Conseil central A de l'Ordre, il s'agit en effet de s'assurer que ces dispositifs respectent les conditions « imposées par les bonnes pratiques de dispensation et le Code de la santé publique », à savoir « une délivrance des médicaments uniquement au vu de l'ordonnance originale ». Autre point d'interrogation pour l'ordinal : la carte Vitale est-elle également bien présentée au pharmacien pour qu'il puisse alimenter le dossier pharmaceutique (DP) ?
Dans les règles de l'art
Après un entretien téléphonique avec David Abenhaim, président du groupement Pharmabest, les craintes de l'Ordre se sont dissipées. Car contrairement à ce qui avait pu être présenté au moment du lancement du service, lorsque le patient envoie son ordonnance via l'application mobile ou le site internet de l'officine, le facteur reçoit une notification afin de collecter l'ordonnance sous pli scellé ainsi que la carte Vitale et les présenter au pharmacien.
« À réception de l'ordonnance, nous vérifions sa conformité avec celle scannée et nous y ajoutons les mentions obligatoires (renouvellement, produits délivrés, tampon de la pharmacie), puis nous l'insérons, avec la carte Vitale, dans le colis qui est scellé seulement après toutes ces étapes. Ce dernier peut alors être récupéré par le facteur pour être livré », précise David Abenhaim. « Par ailleurs, au moment où nous recevons l'ordonnance scannée, nous appelons systématiquement le patient afin de vérifier s'il veut tout ou partie de la prescription, du nombre de boîtes souhaitées, etc. Et nous profitons de cette occasion pour nous assurer qu'il a bien compris son ordonnance, son traitement… », assure le président de Pharmabest. Ces précautions suffisent-elles à remplacer un contact direct entre un pharmacien et son patient ?