Contrairement à son homologue de médecine, l'Académie nationale de pharmacie n'avait jusqu'à présent rendu aucun avis officiel concernant l'homéopathie. C'est désormais chose faite. Dans un communiqué commun paru le 28 mars, les deux institutions se positionnent sans ambiguïté contre le remboursement de ces spécialités « tant que la démonstration d'un service médical rendu suffisant n'aura pas été apportée », contrairement à la majorité des pharmaciens d'officine que nous avions sondés en mai 2018. Par ailleurs, elles se prononcent contre la délivrance d'un diplôme universitaire d'homéopathie par les facultés de médecine et de pharmacie au profit d'un renforcement d'un enseignement « dédié à la relation médecin-malade, à ses effets non spécifiques, aux effets placebo avec attente, aux effets bénéfiques du conditionnement et au bon usage des médecines complémentaires intégratives ».
Un cadre d'utilisation bien défini
Si les académiciens sont dans la droite ligne de ceux qui souhaitent mettre fin au régime d'exception dont jouissent les granules en matière d'évaluation scientifique et de prise en charge par l'Assurance maladie, ils n'éludent pas pour autant le fait qu'une majorité de Français croit aux bienfaits de l'homéopathie et y a régulièrement recours. De même qu'ils prennent également en compte le nombre de professionnels de santé qui la prescrivent ou l'utilisent « en milieu hospitalier, notamment en tant que soins de support dans les centres et services d'oncologie ». Ils estiment ainsi qu'il « n'est pas contraire à l'éthique ni aux bonnes pratiques d'user de préparations homéopathiques, dans les situations où l'emploi d'une thérapie complémentaire est souhaitée, à condition que celle-ci n'induise pas une perte de chance en retardant la procédure diagnostique et/ou l'établissement d'un traitement reconnu efficace, sous condition que le médecin soit conscient qu'il use d'un placebo avec attente ». La récente parution du décret fixant le cadre de l'évaluation des produits homéopathiques devrait permettre à la Haute Autorité de santé de rendre ses conclusions au début de l'été prochain.