La commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) a adopté le 15 mai un projet d'avis sur le bien-fondé du remboursement des spécialités homéopathiques. Un projet donc, et non un avis définitif puisque l'institution qui a été saisie en août 2018 par la ministre de la Santé afin de procéder à cette évaluation a rappelé, dans un communiqué diffusé le 15 mai, que « la procédure d'évaluation des produits de santé est réglementée [et] comporte différentes étapes qui garantissent l'équité de l'évaluation de chaque produit, l'indépendance de l'expertise et in fine la légitimité scientifique de l'avis ».
Phase contradictoire
En clair, le projet d'avis qui fait suite à l'« analyse de la littérature scientifique, des contributions, des documents et des dossiers déposés par les laboratoires » n'a pas vocation à être rendu public tant que la phase contradictoire, qui peut durer de 10 à 55 jours, n'a pas été menée à son terme. La HAS stipule ainsi que les « trois laboratoires concernés disposent de 10 jours à compter de la réception du projet d'avis pour formuler des observations écrites et/ou demander à être entendus par la commission ». Dans ce cas, cette dernière dispose alors de 45 jours pour donner suite à ces demandes d'audition.
Fuite
Problème. Alors que dans le rappel du calendrier de son évaluation la HAS précise « son attachement à la confidentialité des travaux dans leur phase d'élaboration » et assure qu'elle « ne commentera pas les informations qui circulent dans la presse », il semble bien que ses conclusions aient déjà fuité. Le 16 mai, France Info publiait ainsi sur son site web un article dans lequel il est affirmé que la HAS « recommande de ne plus rembourser les médicaments homéopathiques » en raison d'« un service médical rendu insuffisant ». La veille, Libération ne disait d'ailleurs pas autre chose, évoquant un « déremboursement pour l’ensemble des produits homéopathiques, s’appuyant sur un manque d’efficacité prouvée ». Enfin, le 17 mai, Le Monde confirmait l'information en citant des passages entiers du texte dont la conclusion consiste en « un avis défavorable au maintien de la prise en charge par l’Assurance maladie des médicaments homéopathiques ».
Retrait
Dès le 16 mai, un communiqué des laboratoires Boiron, Lehning et Weleda venait s'indigner que l'avis préliminaire ait pu être transmis à un média alors que ce dernier « est protégé par la plus stricte confidentialité et est réservé aux seuls laboratoires concernés par cette évaluation ». Selon eux, le fait qu'un média ait pu se procurer cette information « constitue une violation du secret de la procédure d'évaluation en cours, remettant potentiellement en cause sa régularité ». Dans la foulée, le laboratoire Boiron demandait à Euronext la suspension de son cours à la Bourse à Paris avant la clôture de la séance du 16 mai. En un an, l'action du numéro 1 mondial de l'homéopathie a perdu près de 43 % de sa valeur.