Alors que la décision de déremboursement progressif de l'homéopathie prise par la ministre de la Santé le 9 juillet dernier continue de faire débat, le devenir même de la pratique en tant que discipline médicale fait également l'objet de discussions passionnées. Dès le 4 juillet, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) demandait d'ailleurs à la ministre de l'Enseignement supérieur la suppression de tous les diplômes universitaires (DU) d'homéopathie des facultés de médecine et de pharmacie qui les ont encore à leur programme. Et le président de l'université Paris-V-Descartes ne cachait pas, le 9 juillet sur Twitter, son intention de suspendre le DU proposé par la faculté de pharmacie. La faculté de médecine de Lille vient, quant à elle, d'entériner l'abandon définitif du diplôme universitaireDU d'homéopathie, rejoignant ainsi la faculté de santé d'Angers qui avait déjà pris une décision similaire en septembre 2018. Enfin, il y a quelques jours, la faculté de pharmacie de Tours annonçait la suspension, à titre provisoire, de son DU d'homéopathie développé en partenariat avec l'Université de Poitiers.
Les étudiants pour un enseignement critique
Dans un sondage mené entre le 11 et le 14 juillet par l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) auprès de plus de 3 000 d'entre eux, on apprend que ces derniers sont, à près de 73 %, favorables au maintien de l'enseignement, obligatoire ou facultatif, de l'homéopathie au sein des facultés de pharmacie. Parmi eux, 89,2 % pensent que cet enseignement devrait être réservé aux étudiants choisissant le parcours officinal, tandis que 18,4 % estiment qu'il devrait être abordé en tronc commun. Si l'Anepf considère que « l'enseignement de l'homéopathie [...] doit être maintenu » pour, notamment, pouvoir « conseiller de manière optimale le patient », elle juge néanmoins que « le terme "homéopathie" et ses homologues, par sémantique, ne devraient plus être associés à la dénomination de diplômes universitaires ». Elle appelle donc de ses vœux la dispensation d'un « enseignement critique » qui répondrait également « aux besoins de formation en cohérence avec la réalité du statut de professionnel de santé du pharmacien ». Une ligne qui rejoint peu ou prou celle du professeur Jean Sibilia, le président de la Conférence des doyens des facultés de médecine, qui soutient depuis le début du débat qu'on ne peut pas balayer le sujet de l'enseignement de l'homéopathie à l'université sur la seule base d'un déremboursement de ces spécialités qui demeurent des médicaments. Quoi qu'il en soit, le coup de grâce pourrait bien survenir en octobre, au moment où l'Ordre des médecins se prononcera sur le maintien ou non du titre de médecin homéopathe. Les pro-homéo n'ont peut-être pas encore bu le calice jusqu'à la lie...