C'est une étude française, publiée dans The British Medical Journal le 6 novembre, qui vient jeter le trouble sur les liens entretenus par l'industrie pharmaceutique avec les médecins généralistes. Cette publication prétend vérifier l'hypothèse selon laquelle les médecins généralistes qui ne reçoivent pas d'avantages des laboratoires pharmaceutiques ont tendance à rédiger « des prescriptions plus efficaces et moins chères ». Parmi ses auteurs – médecins, chercheurs et ingénieurs de l’université et du Centre hospitalier universitaire de Rennes – figurent des collaborateurs de la revue indépendante Prescrire.
Une incidence
sur les prescriptions
Leur méthode d'investigation a consisté à croiser les données de la base Transparence Santé (permettant la déclaration des liens d'intérêts entre industriels et professionnels de santé) avec celles du Système national des données de santé (SNDS), qui recense notamment les prescriptions médicales. Résultat : « Un groupe de médecins n'ayant reçu aucun avantage [de l'industrie pharmaceutique, NDLR] est associé à des prescriptions moins coûteuses, plus de prescriptions de génériques (pour trois groupes : antibiotiques, antihypertenseurs et statines), moins de prescriptions de vasodilatateurs et de benzodiazépines pour des durées longues et moins de prescriptions de sartans par rapport aux IEC [inhibiteurs de l’enzyme de conversion, NDLR], qui sont recommandés pour leur efficacité similaire à un coût moindre. » En réaction à la publication de cette étude, le syndicat des industriels du médicament, le Leem, « dénonce fermement ce nouveau dénigrement », dit regretter « la vision simpliste et infantilisante des médecins généralistes projetée par certains commentateurs de l’étude » et appelle à « restaurer la confiance plutôt que d’alimenter la suspicion ».