Dans un communiqué musclé intitulé « Aux masques citoyens ! », l'Académie de médecine vient de rappeler sa conviction de la nécessité que chacun porte systématiquement un masque et ce, dès maintenant, dans l'espace public. Sa devise, qu'elle qualifie d'« altruiste », est que les masques antiprojections sont utiles collectivement, à condition que chacun les porte, « selon le principe du “Un pour tous, tous pour un” ». Les pouvoirs publics en prennent au passage pour leur grade : « Restreindre le port du masque dans les seuls transports en commun, c'est négliger tous les espaces publics où le risque demeure. Subordonner cette obligation à la fourniture gratuite de masques par l'État, c'est conforter la population dans une situation d'assistance et de déresponsabilisation. » Dans ce contexte, la doctrine gouvernementale est en train d'évoluer vers la possibilité pour nos concitoyens de se procurer des masques « grand public » ou « alternatifs » plus largement, y compris en les achetant. Mais où ? Dans les pharmacies ? La grande et moyenne distribution (GMS) ? Les mairies ? Les buralistes ? En réalité, tous ces acteurs à la fois, a lâché Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, dans Les Échos du 24 avril. « Les Français pourront se procurer des masques à partir du 4 mai », affirme-t-elle, avec plusieurs modes de distribution à l'étude pour « les premières expérimentations ». Et d'ajouter : « Nous envisageons toutes les hypothèses : pharmaciens, mairies, grande distribution, buralistes, plate-forme Afnor,
e-commerce, etc. ».
Entre 2 et 5 euros
Les pharmaciens s’y préparent activement. D’autant qu’un arrêté autorisant la vente en pharmacie des masques grand public de catégorie 1 prévus pour un usage professionnel et de catégorie 2 destinés à la protection collective de la population, devrait sortir d’ici peu, annoncent dans un communiqué commun l’Ordre des pharmaciens, les syndicats d’officinaux FSPF et Uspo et les syndicats de groupements, Federgy et UDGPO. Le prix de ces masques devrait se situer entre 2 et 5 euros pièce, comme l’a évoqué le ministre de la Santé, Olivier Véran.
En ce qui concerne les masques FFP2 et chirurgicaux, les représentants de la profession rappellent que leurs quantités sont à ce jour encore insuffisantes pour envisager leur vente en officine et doivent être réservés aux professionnels de santé. « Il est donc instamment rappelé aux pharmaciens d’officine, conformément aux orientations du gouvernement, de ne pas vendre ce type de masques jusqu'à nouvel ordre sous peine de mettre à mal le devoir de solidarité avec les personnels soignants qui fonde notre mission de santé publique », insistent-ils, tout en soulignant que la profession « met tout en œuvre pour apporter une solution globale et accessible à toutes les officines », laquelle consiste en « l’achat de masques en quantités suffisantes pour permettre à chacun d’entre nous de répondre, le moment venu, à la possibilité de vendre des masques quand nous aurons l’assurance de la stabilité de la ressource et de sa disponibilité pour chacun d’entre nous ». Ils disent œuvrer « pour obtenir un prix d’achat raisonnable et pour demander la fixation d’un prix de cession encadré », et soulignent qu’il est dès aujourd’hui possible de réaliser des précommandes auprès de son groupement ou de son grossiste-répartiteur.