À peine trois semaines après sa prise de fonctions, la ministre des Solidarités et de la Santé a présenté en conseil des ministres le 7 juin un texte très attendu de la profession, une ordonnance destinée à lever deux imprécisions quant à la rémunération des pharmaciens : l'une sur la perception des honoraires, « y compris lorsque les médicaments [remboursables] délivrés ne sont pas effectivement pris en charge par l'Assurance maladie, par exemple dans le cas d'une délivrance sans ordonnance », l'autre sur la rétrocession aux officines des marges des grossistes-répartiteurs, marges qui ne sont plus soumises au plafond des remises commerciales. Ces deux bonnes nouvelles, qui font suite à un long combat syndical, ont paru au Journal officiel le 9 juin.
Planning de négo
La veille de ce conseil des ministres, Agnès Buzyn a reçu les représentants des pharmaciens (FSPF et Uspo), accompagnée de son conseiller Jacques Olivier Dauberton, un médecin généraliste de 35 ans en charge de la sécurité sanitaire dans son cabinet. Selon Philippe Gaertner, président de la FSPF, la ministre est en position d'« écoute ». Les interrogations ne manquent pourtant pas : la profession attend encore un arbitrage pour le volet financier de la convention pharmaceutique. Mais lors d'une réunion le lendemain, 7 juin, entre les syndicats et l'Assurance maladie, il a été convenu d'un nouveau planning de réunions : quatre séances de négociation pour la nouvelle convention se tiendront en juin puis deux avant la mi-juillet, l'objectif étant toujours de boucler avant fin juillet. Les trois premières réunions seront consacrées aux missions et à la modernisation des échanges de la négociation, les deux dernières, cruciales, porteront sur le volet économique, une fois que les arbitrages gouvernementaux auront été obtenus. En attendant, les syndicats n'ont obtenu « aucune assurance » sur ce point lors de leur entrevue avec la ministre.
Unité et OTC
Autre sujet incontournable à cette occasion, la généralisation de la dispensation à l'unité, qui a marqué la campagne du candidat Emmanuel Macron, même si ce point a largement été amendé par la suite (lire « Histoire d'une fausse bonne idée », à paraître dans notre n° 1291, juin 2017) : « La ministre a dans sa feuille de route deux choses : éviter le gaspillage et préserver l'environnement. Elle n'a rien dit de plus », relate Philippe Gaertner. Agnès Buzyn a également souligné que le programme du président de la République ne comportait aucune mesure touchant aux trois piliers de l'officine – la répartition des officines, le monopole de dispensation, la propriété du capital. Pour le reste, une partie du suspense sur le calendrier et les thématiques de travail sera levé une fois les feuilles de route de chaque ministère connues, ce qui devrait arriver « mi-juin », assure-t-on au cabinet de la ministre.