Il leur a été beaucoup reproché leur silence, ou plutôt leur manque de réactivité face aux pourfendeurs de la vaccination, ces autoproclamés « antivacs » qui font feu de tout bois sur les réseaux sociaux et trouvent même quelques relais au sein de la communauté scientifique. Les « provacs », puisqu'il faut bien les nommer par opposition aux premiers, commencent pourtant à regagner du terrain partout dans le monde et particulièrement en France où la couverture vaccinale stagne ou régresse dans le cas de certaines pathologies. Lors de l'hiver 2017-2018 durant lequel la grippe a entraîné 13 000 décès, seules 45,6 % des personnes à risque s'étaient ainsi fait vacciner, selon les données de Santé publique France, soit loin, très loin, de l'objectif de 75 % fixé par les autorités sanitaires. Une situation extrêmement préoccupante qui a convaincu ces dernières de se servir de la compétence des pharmaciens et du maillage officinal pour lancer l'expérimentation de vaccination contre la grippe en pharmacie et, devant son succès incontestable, de généraliser cette mesure à tout le territoire dès l'hiver prochain.
Le ministère monte au créneau
La nouvelle obligation de onze vaccins pour les enfants de moins de 2 ans imposée depuis un an par le ministère de la Santé a été une première réponse au climat de défiance qui s'est peu à peu répandu en France autour de la vaccination. Une réponse qui semble pour le moment porter ses fruits d'après le professeur Joël Gaudelus, le président de la commission vaccination de la Société française de pédiatrie qui fait part d'un « rétablissement de la confiance » aussi bien chez les parents que chez les vaccinateurs et d'une augmentation de la vaccination parmi la population ciblée par cette nouvelle obligation, « mais également parmi celle qui ne l'est pas ». Par ailleurs, la mise en ligne en 2017 du site Vaccination Info Service, dont le nombre de connexions exponentiel a montré le besoin sur la Toile d'une présence institutionnelle délivrant des informations scientifiquement validées, concourt également à lutter activement contre la propagation de fausses assertions concernant la dangerosité et l'inutilité supposées de la vaccination.
Les réseaux sociaux font le ménage
Alors que la nouvelle faisant état de la mise en quarantaine d'une famille française dont l'enfant de 5 ans, non vacciné, avait déclaré une rougeole sur leur lieu de vacances, le Costa Rica, a relancé le débat sur le piètre niveau de couverture vaccinale de notre pays contre cette maladie (79 % en 2017), la ministre de la Santé Agnès Buzyn déplorait de son côté le fait que la France soit désormais vue comme le pays « capable de propager l'épidémie dans le monde ». De son côté, l'Unicef s'est déclarée extrêmement préoccupée par l'augmentation de 2 269 cas de rougeole dans l'Hexagone entre 2017 et 2018 où l'on dénombre déjà 23 décès depuis 2008. Il faut dire que le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) a été victime d'une campagne mondiale sans précédent l'accusant, sans aucune preuve scientifique, de déclencher l'autisme. Depuis, la riposte s'organise sur plusieurs fronts. Alors qu'une étude danoise vient de confirmer les résultats de celles déjà effectuées auparavant, mettant en évidence l'absence d'augmentation du risque d'autisme, plusieurs plates-formes en ligne et réseaux sociaux ont de leur côté pris des mesures contre la propagande des antivacs. Trois documentaires complotistes sur la vaccination, dont le blockbuster Vaxxed, ont ainsi été retirés du catalogue de vidéos à la demande d'Amazon. De son côté Youtube a annoncé qu'il cesserait la reversion des revenus publicitaires sur les vidéos de ce type. Le 7 mars, c'était au tour de Facebook d'annoncer qu'il allait s'employer à réduire la portée des groupes et pages diffusant des messages incitant à abandonner la vaccination tout en étudiant la façon de largement partager ceux promouvant de l'information scientifique validée. Un signal positif qui ne doit pas empêcher les pharmaciens de continuer à tenir ce discours de santé publique au comptoir, chaque fois que nécessaire.