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L'homéo pas plus efficace qu'un placebo

La Haute Autorité de santé (HAS) s'est prononcée contre le maintien du remboursement des spécialités homéopathiques.

© ADOBESTOCK/BLUEDESIGN

Difficile de feindre la surprise en prenant connaissance des conclusions de la commission de la transparence de la HAS, rendues le 28 juin, qui prônent la fin du remboursement des médicaments homéopathiques en raison d'un manque de preuve de leur efficacité. Les contre-arguments des trois laboratoires qui commercialisent ces spécialités en France – Boiron, Lehning Rocal et Weleda – n'auront donc pas suffi à infléchir la position initiale de la commission de la HAS qui a voté à l'unanimité moins une voix (abstention) contre le maintien d'une inscription au remboursement. Malgré cela, Dominique Le Guludec, la présidente de l'institution indépendante qui avait été missionnée par la ministre de la Santé Agnès Buzin pour mener cette évaluation a tenu, en préambule du rendu de l'avis, à diffuser « un message de respect » en soulignant qu'il n'avait à aucun moment été « question de juger les expériences individuelles des personnes qui utilisent de l'homéopathie », mais bel et bien de mener une mission « dans un esprit scientifique, sans a priori ni dogmatisme ».

Plus de 1 000 médicaments concernés

Inédite en France, cette évaluation a porté sur les 1 163 médicaments homéopathiques remboursés à 30 %, soit autant de souches qui peuvent chacune avoir des taux de dilution différents et être combinées entre elles. Pour ce faire, la HAS a d'abord identifié plus de 1 000 études cliniques ayant fait l'objet d'une publication puis a effectué un premier tri pour n'en retenir au final que 37 considérées comme recevables d'un point de vue méthodologique et qui concernaient 24 symptômes ou affections pour lesquels les médicaments homéopathiques sont utilisés (verrues plantaires, soins de support en oncologie, troubles de l'anxiété…). Elle a également pris en compte les contributions des parties prenantes (associations de patients, sociétés savantes, syndicats de praticiens et industriels du médicament) ainsi que les documents et  dossiers déposés par les laboratoires concernés. Au final, la HAS a conclu à une absence de preuve de l'efficacité de ces thérapeutiques dans les 24 affections ou symptômes concernés ainsi qu'à « une absence d'étude robuste permettant d'évaluer l'impact des médicaments homéopathiques sur la qualité de vie des patients ». Anticipant un argumentaire souvent déployé par les tenants de l'homéopathie, l'institution note également une « absence d'impact attribuable aux médicaments homéopathiques sur la consommation d'autres médicaments, la diminution du mésusage, le nombre d'hospitalisations, les retards à la prise en charge ou sur l'organisation des soins ».

Avis scientifique contre intérêt économique ? 

Si Agnès Buzyn a indiqué à plusieurs reprises qu'elle suivrait l'avis de la HAS, la possibilité que Bercy ou même la présidence de la République soient plus sensibles à des considérations politiques et industrielles que scientifiques n'est pas à écarter, le français Boiron ayant indiqué plusieurs fois que 1 000 emplois sur le territoire seraient menacés par une telle décision. Dans un communiqué de presse faisant suite à la publication de l'avis, Boiron ne s'avoue d'ailleurs pas encore vaincu et rappelle opportunément que « 60 % de l’activité du groupe seraient impactés directement par une modification du taux de remboursement des médicaments homéopathiques ». Rien n'empêche d'ailleurs l'exécutif de prendre son temps avant de rendre une décision définitive quant au maintien ou non du remboursement de l'homéopathie comme cela avait été le cas avec les médicaments contre la maladie d'Alzheimer pour lesquels le déremboursement avait été acté plus d'un an après l'avis de la HAS. 

Par Benoît Thelliez

28 Juin 2019

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