Dans sa lettre envoyée le 11 mai dernier à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l’association Renaloo, qui regroupe des patients greffés, dialysés ou atteints de maladie rénale, monte au créneau : pourquoi imposer une double contraception pour les femmes sous mycophénolate, alors qu’une seule suffit pour d’autres substances tératogènes comme le valproate ou le thalidomide ? Elle demande donc des éléments de preuve justifiant la nécessité de telles contraintes.
À noter que ni le guide patient, ni celui destiné aux professionnels de santé, ni les monographies des médicaments concernés ne précisent les méthodes de contraception à employer.
Autre point qui surprend l’association : si les hommes traités par mycophénolate sont aussi concernés par des mesures de prévention – le port du préservatif associé à une contraception efficace utilisée par la partenaire sont recommandés pendant le traitement et jusqu’à 90 jours après l’arrêt –, seules les femmes sont tenues à la signature du formulaire d’accord de soins. L’association se demande donc si l'ensemble de ce dispositif ne vise pas « principalement à protéger les industriels et les autorités de santé d’éventuels recours de patients en cas de survenue d’un accident médicamenteux ».
Pour rappel, les hommes traités par valproate n’ont pas de recommandations de ce type à suivre, puisqu’« à ce jour nous ne disposons pas d’information consolidée sur la transmission [d’un risque tératogène au fœtus, NDLR] par l’homme », indique Dominique Martin, directeur général de l’ANSM.
Rupture de traitement
Renaloo regrette « la brutalité de la procédure » et rapporte que « plusieurs patientes prenant du mycophénolate depuis des années nous ont déjà fait part de leur surprise face à la menace de leur pharmacien de ne plus délivrer le traitement en cas de non-présentation du formulaire de soins », qui doit être signé qui plus est à chaque délivrance semestrielle, au lieu d’une fois par an pour le valproate. « Ce dispositif a un impact non négligeable sur les relations entre patients et professionnels de santé », ajoute l’association.
Là encore, la question de la responsabilité du pharmacien en cas de délivrance non conforme ou de refus de délivrance de mycophénolate se pose. La réponse de Dominique Martin donnée en février dernier au sujet du valproate – à savoir que le traitement ne devait en aucun cas être arrêté brutalement – tient-elle toujours ?
En conséquence, Renaloo demande « la révision du dispositif d’information et la suspension sans délai du conditionnement de la délivrance du mycophénolate à la présentation du formulaire d’accord de soins au pharmacien ». L’association sera reçue par l’agence le mardi 24 mai prochain.