C’est en juin 2016 que le protocole (voir encadré ci-dessous) a vu le jour « pour améliorer l’observance et l’adhérence au traitement des patients diabétiques », explique sa conceptrice Hélène Requi, présidente du Cercle des pharmaciens de proximité (CPP*). « Nous avons travaillé avec l’ensemble des professionnels de santé impliqués autour de la prise en charge du patient, en collaboration avec le docteur Abdelhamid Brinkane du Centre hospitalier intercommunal de Meulan-Les Mureaux », précise-t-elle. Le CPP est une association rassemblant une quinzaine de pharmacies franciliennes, qui se sont impliquées dans cette expérimentation menée auprès de 50 patients.
« Nous avons eu la chance d’avoir le soutien des laboratoires [comme Novo Nordisk, Sandoz ou Abbott, NDLR]. Sans moyens et sans l’expertise de personnes qui travaillent sur le diabète, il est compliqué de monter une action crédible, note Hélène Requi. L’agence régionale de santé (ARS) nous a dit que notre projet était excellent mais pour le moment nous n’avons reçu aucun financement de sa part. » Pourtant, selon elle, « les pharmaciens ont un rôle important à jouer dans l’observance car nous voyons tous les mois nos patients. Le meilleur moyen de les aider, c’est d’effectuer le suivi de leur carnet de glycémie car le relevé des éventuelles hypoglycémies est fondamental ».
Chacun à sa place
Grâce au travail effectué pour ce protocole, « nous disposons maintenant d’outils et de tableaux très simples à mettre en œuvre en officine et que nous pourrions proposer pour d’autres pathologies », ajoute-t-elle. Néanmoins, pas question pour les pharmaciens de prendre la place d’autres professionnels de santé : « le protocole implique de vérifier si l’examen des yeux a été fait, d’orienter une fois par an vers un podologue, de donner un appareil pour la tension et de contrôler si elle est bien stable », puis de rediriger le patient vers son médecin traitant le cas échéant.
Par ailleurs, l’expérimentation a été conçue pour être chiffrée et évaluée, et pourrait donc être source de données quant à l’efficacité de l’intervention des pharmaciens, voire permettre de quantifier les économies qu’elle serait susceptible de générer. De quoi, à terme, ouvrir la porte à une rémunération par l’Assurance maladie ? Avec un temps cumulé estimé à vingt minutes par patient et par mois, le CPP avance la somme de 20 euros par patient et par mois, le coût de la formation pouvant être pris en charge par ailleurs. Ne restera plus alors qu’à en convaincre la Caisse nationale d’assurance maladie et le ministère de la Santé.
*Pour en savoir plus : www.le-cpp78.fr/