Bien que non remboursés, les compléments alimentaires à visée oculaire sont bien acceptés par les patients car largement prescrits par les ophtalmologues. L’absence de traitement curatif pour la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) contribue également à leur succès. Les patients espèrent qu’ils concourront à freiner l’évolution de la maladie et la perte d’acuité visuelle qui s’ensuit. De plus, les résultats de l’étude AREDS, parue en 2001, accroissent la légitimité de ces compléments alimentaires dans la prise en charge globale de la DMLA. Cette étude d’ampleur, réalisée par le National Eye Institute (États-Unis), a démontré que l’apport massif d’antioxydants (vitamines C et E, bêtacarotène) combinés au zinc et au cuivre permettait de réduire de façon statistiquement significative le risque de progression vers une forme sévère de DMLA.
Faibles teneurs
L’étude AREDS 2, publiée en 2013, montre que le remplacement du bêtacarotène par la zéaxanthine et la lutéine, pigments de la même famille vitaminique et présents en grande quantité dans la macula, permettait d’obtenir une efficacité similaire. De surcroît, l’augmentation du risque de survenue du cancer du poumon associée à la supplémentation en bêtacarotène chez les fumeurs ou les anciens fumeurs est ainsi évitée. Toutefois, ces résultats sont difficilement transposables car les compositions de ces compléments alimentaires affichent, pour certains nutriments comme les vitamines C et E, le cuivre, le zinc ou encore l’EPA, des apports inférieurs à très nettement inférieurs à ceux administrés dans l’étude AREDS 2 (voir tableau). Enfin, cette dernière n’apporte pas la preuve de l’efficacité des oméga-3 dans le ralentissement de l’évolution de la DMLA. Depuis 2012, les autorités de santé européennes permettent cependant aux compléments alimentaires qui apportent au moins 250 mg d’oméga-3 par prise de revendiquer leur contribution au maintien d’une vision normale.