S’il est un breuvage à qui nombre d’articles et de sites prêtent des pouvoirs mirifiques, c’est bien le thé vert. Au point que la directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et coordinatrice d’un réseau spécialisé dans les liens nutrition-cancer, Paule Latino-Martel, vient de se fendre d’un article dans The Conversation, qui a vite infusé et été repris. Elle veut bien rendre au thé vert ce qui est au thé vert – être une boisson plaisante « qui a le mérite de nous faire consommer de l’eau » – mais s’en tient là.
Le café mieux armé
« Des études menées sur des animaux ou des cellules en culture suggèrent que le thé vert ou des extraits riches en catéchines et utilisés à forte dose pourraient réduire la multiplication des cellules tumorales. Ces études n’ont pas été démontrées chez l’humain », martèle-t-elle. Or, comme nous ne sommes pas des souris, ce qui marche sur « des animaux de labo auxquels on a donné des extraits à des doses énormes » n’est pas extrapolable. Elle en veut pour preuve « de nombreuses méta-analyses réalisées chez l’homme qui, dans leur ensemble, ne montrent pas d’association entre thé vert et cancer. D’ailleurs, aucune allégation santé n’a été autorisée par l’Efsa [Autorité européenne de sécurité des aliments, NDLR], que ce soit pour le thé vert ou les extraits riches en catéchines. » Et d’enfoncer le clou : « Le World Cancer Research Fund International et l'American Institute for Cancer Research jugent que le niveau de preuve de la relation entre thé vert et risque de cancer est non concluant. » Tout au plus évoquent-ils que « seule la diminution du risque de cancer de la vessie présente un niveau de preuve jugé limité-suggéré ». Évitez-le, ajoute-t-elle, pendant une chimio (interactions) et gare au risque de toxicité hépatique sous forme de compléments alimentaires fortement dosés en catéchines. Si vous avez soif de chaud, préférez… le café pour lequel « on a pu mettre en évidence une réduction du risque de cancer du foie et de l'endomètre, avec un niveau de preuve probable ». Intox !