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Philippe Gaertner

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© Miguel Medina

Donnant-donnant

On n’a rien sans rien. J’entends par là que les économies exigées sur les dépenses de santé sont nécessaires et doivent être réalisées, au risque de voir notre système de santé imploser… Aussi longtemps que les modalités de son financement ne seront pas réformées, le problème restera entier. Cependant, à l’heure où notre président de la République vante la ruralité et la proximité, je me dois de le prévenir : nos gouvernants se retrouveront à très court terme piégés par les conséquences de leurs propres décisions. Imposer des mesures drastiques sur les médicaments – en particulier les traitements chroniques – a certainement un effet comptable instantané et rassurant, mais cela a encore plus sûrement un effet délétère sur les seuls professionnels de santé qui assurent ce service de proximité aux quatre coins de la France. Celui que tous les politiques appellent de leurs vœux. 
Face à une prise de conscience qui tarde à venir, les difficultés, elles, se sont accumulées. Si les effets de la réforme de la rémunération apportent une amélioration, ils ne répareront pas les dégâts infligés par plusieurs années de prélèvements massifs sur les ressources de l’officine. Plutôt qu’un plan d’économies de plus, c’est un plan d’urgence que nous proposons à la pharmacie, permettant d’apporter des réponses pour sauvegarder les entreprises les plus fragilisées.

« C’est un plan
d’urgence que
nous proposons
à la pharmacie. »

 Certaines mesures sont simples et d’application immédiate, comme la mensualisation du versement de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) par l’Assurance maladie ; d’autres plus ambitieuses comme la création d’un fonds d’allègement des charges spécifiques à l’officine ou la restructuration de l’ensemble des dettes des pharmacies à moyen et long terme. Difficile ? Peut-être, mais indispensable si l’on garde à l’esprit que les pharmacies ne sont pas des entreprises tout à fait comme les autres. Tout service de qualité a un coût et nécessite des investissements. Je me dois de le rappeler : en matière de soins, la qualité est tout simplement incontournable, pour ne pas être confronté à des désastres sanitaires. 
Avec notre profession, l’État et l’Assurance maladie trouveront toujours des interlocuteurs ouverts et désireux de progrès commun, comme nous l’avons démontré dans le développement des entretiens pharmaceutiques… Mais – et ce n’est pas négociable – nous ne le ferons pas au détriment de la pérennité de nos entreprises. Les pouvoirs publics veulent une pharmacie dynamique et de qualité, un maillage territorial sans faille ? Qu’ils nous en donnent les moyens. Encore une fois, on n’a rien sans rien.

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