Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie (Ademe), les consommations d’éclairage représentent entre 20 et 30 % de la facture énergétique dans un petit commerce. Un poste souvent négligé dans les pharmacies. « Il y a encore de nombreuses pharmacies équipées en lampes halogènes ou en tubes fluorescents qui consomment beaucoup », observe Yann Godénec, consultant en maîtrise d’énergie. Pourtant, face à l’augmentation du coût de l’énergie et à l’apparition sur le marché européen des lampes à basse consommation et des LED (diodes électroluminescentes, voir encadré ci-dessous « Se repérer ») amenées à remplacer les halogènes énergivores, les officines vont devoir se poser la question d’un nouvel éclairage. Certains pharmaciens ont déjà sauté le pas. Dans un souci de maîtriser leurs factures mais aussi d’adopter une démarche écologique. « Lorsque ma pharmacie était équipée d’halogènes, j’avais des factures d’électricité importantes, environ 1 000 euros tous les deux mois. Ce type d’éclairage, tous les mètres linéaires, ça chauffe beaucoup ! Résultat : j’étais obligé d’allumer la climatisation plus tôt que nécessaire. Sur le plan environnemental, c’était un vrai gaspillage d’énergie », témoigne Benoît Thierry, titulaire à Beauvais, dans l’Oise, qui a changé 60 % de son éclairage pour s’équiper en LED. Même discours chez Bernard Montreuil, pharmacien à Bron, dans la banlieue lyonnaise. La chaleur étouffante de cet été 2015 a déclenché une prise de conscience : « On nous prédit des épisodes de canicule plus fréquents si on ne fait rien contre le réchauffement climatique. Et nous, on chauffe l’été avec nos éclairages parce qu’il faut éclairer la pharmacie ? C’est totalement ridicule », s’indigne le pharmacien, qui va prochainement s’équiper totalement en LED.
Comprendre l’offre
Rien qu’en changeant ses ampoules pour des lampes à basse consommation ou des LED, un commerçant peut, selon l’Ademe, réaliser 30 à 70 % d’économie d’énergie. Mais, face à une offre variée, mieux vaut disposer de quelques points de repères. Sur le plan énergétique et écologique, les deux options qui s’offrent aux professionnels – investir dans des ampoules à basse consommation de classe A (efficacité énergétique très performante) ou choisir un système de LED – se valent « et permettent de réduire jusqu’à 75 % de sa consommation, pour une durée de vie de cinq à six fois plus longue », explique Camille Trentesaux, chef de marché professionnels chez Direct Énergie. Elles présentent en outre l’avantage de ne pas chauffer et donc d’éviter de forcer sur la climatisation, très énergivore. Après, tout est donc une question de budget : les lampes à basse consommation coûtent quatre fois moins cher qu’une LED, soit entre 8 euros pour une lampe fluocompacte de 11 watts et 30 euros pour un spot LED, toujours selon l’Ademe. Par ailleurs, si les lampes à basse consommation possèdent généralement une très bonne qualité d’éclairage, celle des LED, auxquelles on a longtemps reproché leur lumière un peu bleuâtre, s’améliore constamment. « On arrive aujourd’hui à une qualité de LED tout à fait satisfaisante pour les besoins d’une pharmacie », indique Bernard Deniel, directeur de l’agenceur Media6 Pharmacie.
Réaliser un diagnostic
Avant de vous lancer, le bon réflexe est de commencer par un diagnostic énergétique, via un installateur privé, voire le réseau des chambres de commerce (voir ci-dessous « Où réaliser un diagnostic ? »). L’intérêt ? Identifier votre consommation (et le montant de votre facture) uniquement liée à l’éclairage, mais aussi adopter les luminaires les plus adaptés à la situation de l’officine. « La consommation d’éclairage peut aller du simple au double dans une pharmacie, selon la grandeur de son espace de vente, de sa vitrine ou de son exposition à la lumière du jour. Un diagnostic permet déjà d’évaluer si sa consommation est excessive et quels gains peuvent être réalisés en changeant d’ampoules », explique Emmanuel Bénéfice, directeur marketing EDF entreprises et collectivités. Un conseil : n’hésitez pas à essayer les lampes. Bernard Montreuil a ainsi pris soin de choisir le revendeur « qui m’a fait une démonstration de l’éclairage des LED dans la pharmacie. On a éteint la lumière pour tester la luminosité. Et là, effectivement, j’ai été convaincu par l’intérêt des LED ». Un bon diagnostic doit également vous permettre d’identifier le coût de l’investissement en lampes ainsi que votre future consommation.
Évaluer les bénéfices
Grâce aux économies d’énergie, le retour sur investissement est rapide. Avec une officine de 200 mètres carrés et 32 luminaires à changer, Bernard Montreuil va payer 7 900 euros hors taxes son équipement en LED, financé par un emprunt bancaire. « Mais comme je vais économiser 2 000 euros par an sur ma facture d’électricité, l’investissement sera rentabilisé au bout de quatre ans. » De son côté, avec plus de la moitié de ses halogènes remplacés par des LED, Benoît Thierry a déboursé 4 000 euros. Mais les résultats sont là. Au bout d’un an, « ma consommation et ma facture d’électricité ont baissé de 20 %. D’ici à trois ans, cet investissement sera rentabilisé ». Une démarche écologique qui gagne du terrain !