La demande spontanée d’un antidiarrhéique au comptoir s’inscrit souvent dans un tableau clinique de gastro-entérite aiguë d’origine virale. L’attente principale des patients se résume à stopper sans délai les diarrhées. Pour y parvenir, l’équipe officinale dispose de deux options : le lopéramide, ralentisseur intestinal morphinique dénué d’effets centraux à doses thérapeutiques, ou le racécadotril, antisécrétoire intestinal pur. D’efficacité comparable, ces deux antidiarrhéiques diffèrent néanmoins par leur profil de sécurité d’emploi. En effet, contrairement au lopéramide, connu du grand public sous le nom de marque Imodium, le racécadotril, commercialisé sous le nom de spécialité Tiorfast, exerce son activité sans ralentir le péristaltisme intestinal. N’entraînant pas de constipation secondaire et ne bloquant pas les microbes dans l’intestin, il a d’ailleurs été mis en avant dans les « Recommandations sanitaires pour les voyageurs » du Bulletin épidémiologique hebdomadaire de mai dernier. La supériorité du profil pharmacologique du racécadotril ne se traduit néanmoins pas dans les ventes.
Le prix fait la différence
En 2017, alors que les spécialités conseil de la gamme Imodium ont dépassé les 3,9 millions de boîtes vendues, il s’est vendu cent fois moins de Tiorfast : 41 000 unités. Une explication possible est son positionnement tarifaire qui n’est pas favorable à son développement commercial. Le Tiorfast s’avère en effet moins intéressant financièrement pour les patients que, par exemple, la politique de prix de Johnson & Johnson pour sa gamme Imodium. L’inscription récente du Tiorfast sur la liste des médicaments disponibles en accès direct fera peut-être évoluer la situation. Contacté, le laboratoire Bioprojet ne cache pas être « en discussion avec de potentiels partenaires pour le lancement de cette nouvelle opportunité ». Enfin, quel que soit le choix du produit proposé en première intention, il devra être associé à un conseil visant à soulager les douleurs abdominales et les flatulences liées à la diarrhée. Les argiles ou autres topiques adsorbants tels le charbon ou la siméticone, assurent très bien ce rôle. Le rétablissement de la flore intestinale grâce aux probiotiques et la prévention de la transmission avec l’usage d’une solution hydroalcoolique peuvent aussi compléter le conseil.